
L’encyclique inaboutie de Pie XI de Georges Passelecq et Bernard Suchecky
Préface d’Émile Poulat
Dans les années 1970, une revue jésuite américaine fait allusion à une encyclique « perdue », commandée par le pape Pie XI, qui aurait condamné le racisme et l’antisémitisme. Dans les années 1930, le père Passelecq, s’était fortement impliqué dans le sauvetage des juifs fuyant l’Europe de l’Est et l’Allemagne. Arrêté dès 1941, il avait survécu à Dachau et il voulut en savoir plus. Rejoint dans sa recherche dès 1987 par Bernard Suchecky, leur enquête prend des allures de thriller… En effet, tant au Vatican qu’auprès des archivistes des protagonistes (trois jésuites auteurs de ce texte et leur supérieur), les embûches, les chausse-trapes se multiplient. On est confondu devant les esquives, les dénégations que, trente ans après Vatican II, nos deux chercheurs rencontrent ! En juin 1938, le pape a bien demandé à un jésuite américain, Paul LaFarge, de lui proposer une encyclique sur le racisme (Humani Generis Unitas) et sur le problème des juifs. LaFarge remet le texte, rédigé à Paris avec deux collègues allemand et français, à Rome au père général des jésuites fin septembre 1938. Pie XI, très affaibli par la maladie, meurt en février 1939. Lui a-t-on remis le texte ? A-t-il pu le lire ? Avait-il l’intention de l’utiliser pour le publier comme encyclique ? Rien ne l’indique. Pourquoi a-t-il disparu ? Qui en avait l’intérêt ? Pas de réponse, sinon un faisceau d’informations que révèle notamment la correspondance du jésuite allemand, coauteur du document. Se