
Une Amérique gagnée par ses démons
À travers les portraits croisés de huit personnages, Stephen Marker met en scène les désillusions et le désespoir d’une génération qui a grandi au rythme des guerres successives.
Jusqu’à la dernière élection présidentielle, il se disait que le candidat qui l’emportait dans l’Ohio avait de bonnes chances d’entrer à la Maison Blanche. Si, en novembre 2020, Donald Trump, malgré les sondages qui l’y donnaient perdant, y est, comme en 2016, arrivé en tête, cela ne lui a pas permis de gagner l’élection. Sans doute faut-il voir dans ce score renouvelé, mais insuffisant à lui donner la victoire, la traduction de l’ancrage du « trumpisme » dans une Amérique de plus en plus fracturée. Dans cet État de la Rust Belt des États-Unis, la beauté sauvage des paysages contraste avec la laideur et la tristesse des zones urbaines, laissées à l’abandon et dévastées par la pauvreté. Touchées de plein fouet par la désindustrialisation du début des années 1980, la misère sociale et le racisme y ont explosé durant les deux dernières décennies du xxe siècle. Sont venus s’y ajouter, à partir du début des années 2000, les effets collatéraux des guerres en Afghanistan et en Irak après les attentats du World Trade Center, puis la crise des subprime en 2008. Stephen Markley, qui est originaire de cette r&e