
Yoga d’Emmanuel Carrère
Sur fond d’un monde de plus en plus chaotique, frappé par des tragédies, l’auteur nous parle de la difficulté que revêt le perfectionnement de l’âme.
La mort brutale, en janvier 2018, de son ami et éditeur Paul Otchakovsky-Laurens plonge Emmanuel Carrère dans le premier grand deuil de sa vie. « Plus jamais ce que j’écrirai ne sera, par personne, désiré comme par Paul », explique-t-il. Il lui avait naturellement parlé de ce projet de livre sur le yoga et cela avait tout de suite intéressé Paul Otchakovksy : s’il n’était adepte ni du yoga, ni de la méditation, il était curieux de tout ce qui avait trait au fonctionnement de l’âme. De l’âme, il est beaucoup question dans l’œuvre d’Emmanuel Carrère, qui n’a de cesse de se questionner sur lui-même, sur son rapport au bien et aux autres. Écrire, déclare-t-il, est pour lui « le moyen de devenir un être humain un peu meilleur, […] d’avancer comme être humain ».
Yoga n’est pas ce « petit livre subtil et souriant » auquel il songeait lorsqu’il croyait encore sa vie « si bien fortifiée » : s’il aborde longuement cette pratique dont l’auteur est un initié, il est aussi l’autopsie d’un naufrage et d’un sauvetage. « Que puis-je en dire ? J’ai une convictio