
L’évadé de la mer Blanche de Youri Bezsonov
Trad. par Evgueni Petrovitch Semenoff
Voici le premier récit d’une évasion du goulag, confirmée par celui d’un de ses compagnons de fuite. Youri Bezsonov, ancien officier tsariste, livre un récit vif, empli d’observations sur ce qui deviendra « l’archipel du goulag ». Paru en 1928 aux éditions Payot sous le titre Mes vingt-six prisons et mon évasion de Solovki, son ouvrage était tombé dans l’oubli. Il vient de refaire surface, avec une préface de l’écrivain voyageur Cédric Gras.
Né en 1891, fils d’un général, sorti de l’école de cavalerie de Saint-Pétersbourg, Youri Bezsonov a été pendant la Première Guerre mondiale capitaine du régiment des dragons de la garde personnelle du tsar Nicolas II. Il a participé à la marche de Lavr Kornilov sur Petrograd, après la révolution de Février. Puis il devient commandant adjoint de la maigre garnison du palais d’Hiver, dont l’assaut par les bolcheviks marque la victoire de la révolution d’Octobre. C’est là que commence son trépidant récit.
Arrivent les premières prisons, encore relativement supportables, et les interrogatoires. Curieusement, la Tchéka n’est pas encore bien informée sur lui. Après six mois en cellule, il est incarcéré en Sibérie, puis au camp de Solovki, sur le territoire d’un ancien monastère, îles perdues au milieu des flots et de la banquise. C’est le « camp du nord à régime sévère » destiné aux éléments de l’ancien monde dont les bolcheviks souhaitaient se débarrasser.
Youri Bezsonov dresse une typologie des person