
La guerre chaude. Enjeux stratégiques du changement climatique Sous la dir. de Nicolas Regaud, Bastien Alix et François Gemenne
Cet ouvrage collectif, qui a réuni militaires, experts et chercheurs, analyse les conséquences sanitaires, l’anticipation et la gestion des migrations, et les zones vulnérables.
Comme l’écrit Jean Jouzel dans sa préface, la lutte contre le changement climatique, dès lors qu’elle requiert une solidarité accrue entre les pays, devrait contribuer à la paix du monde. Cette solidarité ne peut résulter que de longs efforts pour atteindre un équilibre entre des intérêts divergents. Mais le lien, souvent indirect, entre réchauffement climatique et conflits est devenu plus perceptible. Cela a été le cas pour la guerre civile en Syrie, avec la sécheresse qui a affecté le pays entre 2006 et 2011. On peut aussi considérer que les conditions climatiques ont joué un rôle dans d’autres guerres, au Soudan ou en Somalie, et que, dans le Sahel, elles ont exacerbé l’antagonisme entre nomades et agriculteurs sédentaires. Ainsi, peu à peu, la « sécurité climatique » est prise en compte dans la pensée stratégique, les rapports officiels et les études d’experts.
En France, c’est à partir du Grenelle de l’environnement que le ministère de la Défense a défini une politique environnementale (2007), puis une stratégie de développement durable (2012). La conférence internationale des ministres et hauts responsables de la défense organisée à Paris en octobre 2015 sur les implications du changement climatique pour la défense a permis de dessiner une feuille de route, avec la création d’un Observatoire défense et climat. Ainsi une nouvelle carte des risques est progressivement apparue, essentielle à l’anticipation du contexte stratégique à long terme.
Cet ouvrage collectif, qui a réuni militaires, experts et chercheurs, analyse les conséquences sanitaires, l’anticipation et la gestion des migrations, et les zones vulnérables (l’Arctique, qui se réchauffe trois fois plus que la moyenne mondiale ; le Pacifique-Sud, où de micro-États insulaires sont en danger de survie ; la bande sahélo-saharienne). Il résulte de ces différentes contributions qu’il n’existe pas d’approche commune et intégrée du lien entre climat et sécurité. Les institutions de défense, faute de moyens et devant faire face à des urgences à court terme, n’ont pas été en mesure d’intégrer le changement climatique à l’ensemble de leurs fonctions stratégiques. En effet, il faut anticiper un recours croissant aux forces armées pour conduire des opérations de secours humanitaire après des catastrophes naturelles.