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Notes de lecture

Dans le même numéro

S’engager pour les animaux sous la dir. de Fabien Carrié et Christophe Traïni

mai 2019

Ce livre collectif aborde avec les outils des sciences humaines et sociales la question animale qui occupe une place de plus en plus importante dans le débat public. L’engagement du titre est double, puisqu’il évoque à la fois le phénomène étudié et l’engagement, non sans nuances, des six universitaires contributeurs. Cette attitude des chercheurs est étudiée plus spécifiquement par le sociologue Jérôme Michalon. Les politistes Fabien Carrié et ­Christophe Traïni s’intéressent chacun aux logiques et modes ­d’actions de la cause animale, montrant sa radicalité anti-spéciste depuis les années 1970. La question du rapport de l’humain à l’animal n’est pas nouvelle : elle a accompagné la modernité et en reflète les fondamentaux et les aspérités. L’historien Pierre Serna, reprenant des idées développées dans Comme des bêtes (Fayard, 2017), associe étroitement la pensée républicaine révolutionnaire et l’attention à l’animal comme être sensible, en s’intéressant ici à quelques exemples du tournant des xviiie et xixe siècles. On plaide alors pour le bien-être animal comme on défend une société plus égalitaire. C’est qu’une vision politique incluant les dominés et prônant la naturalité universelle de l’homme contre ­l’oppression sociale ne peut occulter la forme de servilité qu’est la condition animale. Une pensée de l’humain intègre forcément une position sur la frontière d’une infra-humanité. L’animal est politique ! À quelle action cette pensée ouvre-t-elle ? Le juriste Pierre Brunet montre les présupposés moraux inévitables de celles et ceux qui affirment, avec l’autorité de l’état actuel du droit, l’impossibilité ­d’attribuer une personnalité juridique ou des droits aux animaux. Cela, d’autant plus que cette personnalité ou ces droits n’auraient pas forcément la forme de ceux des humains – position simpliste – mais pourraient emprunter aux diverses formes de représentation qui existent pour les personnes morales ou les personnes à faible niveau de conscience – artificielles, mais pas impraticables. Les catégories juridiques n’ont aucune nature ou neutralité, mais sont des montages qui peuvent être reconstruits à souhait. À condition qu’il existe pour cela une volonté politique et citoyenne, que les éclairages concis de ce livre aident à former.

 

Presses universitaires de France/La vie des idées, 2019
50 p. 9 €

Matthieu Febvre-Issaly

Doctorant en droit public à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Matthieu Febvre-Issaly est spécialisé en droit constitutionnel comparé et en théorie du droit.

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L’idéologie de la Silicon Valley

Loin d’être neutres, les entreprises technologiques de la Silicon Valley portent un véritable projet politique. Pour les auteurs de ce dossier, coordonné par Emmanuel Alloa et Jean-Baptiste Soufron, il consiste en une réinterprétation de l’idéal égalitaire, qui fait abstraction des singularités et produit de nouvelles formes d’exclusions. Ce projet favorise un capitalisme de la surveillance et son armée de travailleurs flexibles. À lire aussi dans ce numéro : perspectives, faux-semblants et idées reçues sur l’Europe, le génocide interminable des Tutsi du Rwanda et un entretien avec Joël Pommerat.