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Notes de lecture

Dans le même numéro

Le climat en 100 questions de Gilles Ramstein et Sylvestre Huet

septembre 2020

Le changement climatique en cours interroge et mobilise. La température de la planète s’est élevée de 1, 2 °C en un siècle. Le niveau marin planétaire augmente sous l’effet du réchauffement des eaux et de la fonte des glaces continentales. Les vagues de chaleur battent record après record, comme en France durant l’été 2019, et on prévoit un été encore plus chaud ! La faune et la flore, sauvages et domestiquées, réagissent déjà à cette transformation climatique d’une rapidité sans équivalent dans le passé de la Terre, excepté les rares crises provoquées par des cataclysmes cosmiques comme la chute d’une comète. Ces changements sont dus à nos émissions de gaz à effet de serre qui suivent la pire des trajectoires imaginées en 1990 dans le premier rapport du GIEC. En 2018, les émissions mondiales de CO2, le principal gaz à effet de serre d’origine anthropique, affichaient un nouveau record de 33 milliards de tonnes pour les seuls usages du charbon, du pétrole, du gaz et de la fabrication du ciment. Puisque nous savons, pourquoi n’agissons-nous pas ?

Selon la plupart des enquêtes sociologiques, les citoyens n’en savent pas assez sur le sujet pour réclamer des mesures efficaces aux pouvoirs politiques et économiques, même si les prises de conscience se multiplient. En outre, les politiques climatiques efficaces ne sont pas faciles à mettre en place. Parce que les énergies fossiles représentent 80 % de l’énergie utilisée par les populations, ces politiques réclament des transformations économiques, sociales, culturelles et technologiques de grande envergure, heurtent des intérêts puissants, mettent en cause des modes de consommation aujourd’hui bien ancrés dans les populations des pays développés.

L’objectif de ce livre est de transmettre, en cent questions et cent réponses concises, l’essentiel de ce que chaque citoyen doit savoir pour dialoguer avec ses élus sur la politique climatique. Il est écrit dans un langage accessible, sans pour autant cacher la complexité du système climatique et des enjeux de société qui y sont liés. Pour apprécier les risques climatiques et les moyens d’y remédier, il faut recourir à d’autres informations sur les ressources naturelles, les énergies, l’économie, les systèmes politiques. C’est pourquoi ce livre réunit les compétences d’un climatologue et celles d’un journaliste. Une première partie confiée au climatologue dote le lecteur des repères indispensables pour comprendre l’évolution climatique de la Terre, avant et après l’intervention de l’espèce humaine. Puis une seconde partie, rédigée par le journaliste, fournit les clés ouvrant le monde de la convention de l’ONU sur les changements climatiques, du fonctionnement du GIEC, des risques pour les sociétés humaines, des principales questions énergétiques et économiques associées.

Contre les fausses pistes agitées sur la place publique, une réflexion calme et informée semble la seule manière raisonnable d’aborder la question du changement climatique. Ainsi, seul le développement social, éducatif, culturel et économique des populations peut contribuer à leur transition démographique, en particulier au Sahel, où l’on compte encore six à sept enfants par famille. De même, alors que la moitié de la population mondiale n’émet que 10 % des gaz à effet de serre, il faut s’attaquer aux gaspillages et aux consommations qui ne reposent que sur la publicité. Il faut organiser un mode de vie sobre pour les populations aisées et, à l’inverse, aider les populations pauvres à vivre mieux, même si cela exige de recourir à des énergies fossiles dans un premier temps. Aucune technologie décarbonée ne peut prétendre remplacer seule les énergies fossiles dans les décennies à venir. Il faudra recourir à toutes, et y ajouter d’énormes efforts d’économie et d’efficacité énergétiques pour parvenir à la nécessaire décarbonation profonde de l’économie.

C’est aux citoyens qu’il revient en fin de compte d’obtenir de tels changements par le vote ou l’action politique, et non par la seule action individuelle. Personne ne peut utiliser un transport en commun si la collectivité ne l’a pas décidé, financé, construit ; aucun urbanisme rationnel au plan climatique ne résultera d’une décision individuelle ; aucun équipement énergétique décarboné d’envergure ne naîtra d’actes isolés. À l’inverse, il ne faut pas tout attendre de l’État : on ne peut espérer que des individus sans aucune conscience écologique, indifférents aux conséquences de leurs propres consommations, puissent réclamer une bonne politique collective. La relation entre actions individuelles et collectives relève non de l’alternative mais d’une synergie, d’un soutien réciproque indispensable à la durée de l’effort.

En répondant à ces cent questions, que tout le monde devrait se poser, les auteurs font plus qu’une simple œuvre pédagogique, ils éclairent les chemins de l’avenir.

Tallandier, 2020
384 p. 16 €

Eugène Berg

Eugène Berg, né le 23 septembre 1945, est un essayiste et diplomate français. Spécialiste de la Russie et du Pacifique, il a notamment publié Non-alignement et nouvel ordre mondial (1980).

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La culture au tournant

Selon ce dossier coordonné par Carole Desbarats et Emmanuel Laurentin, les institutions culturelles sont confrontées depuis quelques temps à des enjeux que l’épidémie de coronavirus a rendus plus aigus encore. Alors même que le confinement a suscité une forte demande de culture, beaucoup de ces institutions sont aujourd’hui face à un tournant. À lire aussi dans ce numéro : Trump contre l’Amérique, des élections par temps de pandémie et des jeunes sans bercail.