
Visages du politique au Proche-Orient de Nadine Picaudou
Si l’Occident a développé une véritable expertise géopolitique sur le Proche-Orient, il en va autrement des dynamiques internes des sociétés, qui font l’objet des riches réflexions de cet ouvrage.
Nadine Picaudou, qui a enseigné à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco) et à l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne, met l’accent sur une première évidence : l’expérience de la guerre confronte les sociétés à la mort de masse de la jeunesse. Le mort de guerre est pris entre registre tragique et registre héroïque. Outre les affrontements conventionnels entre États, qui tendent à devenir l’exception – entre Israël et ses voisins arabes, entre l’Iran et l’Irak –, les conflits présentent divers visages : luttes contre l’occupation étrangère en Palestine, conflits civils internes au Liban, en Syrie et en Irak.
La guerre s’éprouve au présent. De Beyrouth à Damas, de Bagdad à Ramallah, la violence s’affiche sur les murs des villes qui croulent sous les slogans et les portraits des martyrs. Parler de morts de guerre plutôt que de martyrs permet d’échapper à la charge religieuse et culturelle véhiculée par ce terme et de banaliser la réalité actuelle du Proche-Orient. D’où le constat souvent sans appel de la faillite des États, qui ouvrirait la voie à toutes les dérives violentes, djihadistes ou autres. Les entités étatiques, avec leurs frontières, dont maintes sont artificielles, et leurs appareils de pouvoir, coupés des populations, ne dev