
La révolution aux portes de Slavoj Žižek
Marx, le poète des marchandises qui a fourni des descriptions parfaites de la dynamique capitaliste, est le bienvenu à Wall Street ; la pensée-Marx est une passion française ; les études culturelles adoptent sa peinture de l’aliénation et de la réification de la vie quotidienne. Mais Lénine ? Le dirigeant bolchevique, accusé d’avoir construit une machine d’État criminelle, ne représente-t-il pas précisément l’échec de la mise en pratique du marxisme ? Ne serait-il pas préférable de le laisser dans le cimetière de l’histoire, avec d’autres « fantômes expulsés » du monde communiste ? Dans son analyse vive et stimulante, l’iconoclaste Žižek montre que le léninisme, « vulgarisé » et criminalisé par les intellectuels contemporains de la gauche, contribue seulement à renforcer la « maladie » infantile anticommuniste de l’époque. Pour lui, perdant pied face à la catastrophe de la guerre impérialiste et de la trahison de la social-démocratie, Lénine a été contraint de « réinventer à nouveau le marxisme » contre le déterminisme évolutif de la IIe Internationale. Ce moment de désespoir,