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Notes de lecture

Dans le même numéro

La force d’une idée d’Alain Supiot

octobre 2020

En 1899, Alfred Fouillée, connu en son temps pour sa philosophie des « idées-forces » et sa formule célèbre : « Qui dit contractuel, dit juste », publie « L’idée de justice sociale d’après les écoles contemporaines », un article où, selon Alain Supiot, la justice sociale devient pour la première fois un concept de philosophie politique et juridique. Elle est, précisément, une « idée-force » par excellence, qui doit guider, avec l’idée de solidarité, la réforme des institutions face aux réalités du monde industriel moderne. Elle seule permettrait la réalisation de la liberté et de l’égalité concrètes. Fouillée considère la société comme un « organisme contractuel » où la volonté individuelle et l’interdépendance vont de pair, sans exclure pour autant l’intervention de l’État, comme l’ont soutenu des interprètes néolibéraux. Le texte de Fouillée reste intéressant à lire, même s’il est historiquement marqué dans son langage. Il donne en tout cas l’occasion à Alain Supiot d’une mise en pièces réjouissante du néolibéralisme économique – de Hayek et consorts surtout –, de son langage réificateur et finalement de ses résultats, désastreux pour la société et les individus. Sa critique s’étend à Rawls, tandis qu’il fait l’éloge de Michael Walzer. Il présente aussi les écoles contemporaines de la justice sociale, ainsi que sa tradition par pays (Angleterre, Allemagne, France). Un peu plus de « contextualisation » sur Fouillée, rappelant sa personne et son œuvre, n’eût pas été inutile. Il était, faut-il le rappeler, le mari d’Augustine Fouillée, l’auteure, sous le pseudonyme de G. Bruno, de l’immortel Tour de France par deux enfants.

Les Liens qui libèrent, 2019
112 p. 12 €

Jean-Louis Schlegel

Philosophe, éditeur, sociologue des religions et traducteur, Jean-Louis Schlegel est particulièrement intéressé par les recompositions du religieux, et singulièrement de l'Eglise catholique, dans la société contemporaine. Cet intérêt concerne tous les niveaux d’intelligibilité : évolution des pratiques, de la culture, des institutions, des pouvoirs et des « puissances », du rôle et de la place du…

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Le mythe de l’impuissance démocratique

La crise sanitaire provoquée par l’épidémie de Covid-19 donne de la vigueur aux critiques de la démocratie. Alors que certains déplorent l’inertie de la loi et que d’autres remettent en cause les revendications sociales, le dossier, coordonné par Michaël Fœssel, répond en défendant la coopération, la confiance et la délibération collective. À lire aussi dans ce numéro : les régimes d’historicité, le dernier respirateur, le populisme américain et l’œuvre de Patrick Modiano.