
Young Lords. Histoire des Black Panthers latinos (1969-1976), de Claire Richard
Ce « récit documentaire » présente les témoignages d’anciens membres des Young Lords de New York, sur leurs sept années d’activités au service de la communauté portoricaine d’El Barrio. Pauvres, sans emplois, discriminés à cause de leurs origines, les Portoricains vivent aux États-Unis dans des quartiers insalubres et délaissés par les autorités municipales. De jeunes étudiants, bientôt rejoints par des centaines d’habitants, brûlent les poubelles pour attirer l’attention de la mairie sur les carences du ramassage (ofensiva de basura). Ils montent des programmes de services publics (petits-déjeuners pour les écoliers, distribution de vêtements, éducation populaire, etc.). L’occupation d’une église méthodiste, rebaptisée Iglesia de la Gente, assure au groupe un succès médiatique. Les militants de la première heure témoignent de leur exaltation : « C’est un peu comme si vous aviez créé une zone libérée au cœur de l’Amérique capitaliste. » Les Young Lords sont particulièrement actifs sur les questions de santé communautaire : dépistage du saturnisme, traitement de la toxicomanie, occupation d’un hôpital. Ils sont également à l’avant-garde sur les questions du féminisme : les femmes du mouvement se mettent en grève, après avoir lu Lysistrata, pour obtenir la fin du machismo, même « révolutionnaire », et contribuent à la formation d’un groupe de parole homosexuel. Harcelés par les forces de police, ils finissent par se diviser sur la question de l’indépendance de Porto Rico et connaissent une dérive sectaire.