
Moshe Dayan. Héros de guerre et politicien maudit de Georges Ayache
Moshe Dayan est l’une des figures marquantes de la vie politique et militaire d’Israël. L’avocat Georges Ayache lui consacre une biographie exhaustive et subtile qui fait justice à ce personnage ambivalent haut en couleur né en 1915, pur sabra (juif né en Palestine avant 1948), solitaire et téméraire, consacré par des victoires militaires contre les voisins arabes hostiles à l’existence de l’État hébreu. Militaire indiscipliné, borgne depuis 1941, coureur de jupons et passionné d’archéologie, Dayan est le contemporain des révoltes arabes contre le mandat britannique, de la création d’Israël et de ses fondateurs emblématiques (son mentor David Ben Gourion, Golda Meir, Ariel Sharon, Yitzhak Rabin, Shimon Perez). Lucide sur le surarmement arabe en 1956, il est considéré comme le « vainqueur du Sinaï » à la suite de la nationalisation du canal de Suez par Nasser et de la guerre avec les voisins arabes. Il quitte l’armée en novembre 1958. Élu député un an plus tard sous l’étiquette du Mapaï (gauche), il se convertit en ministre de l’Agriculture entreprenant. Nommé ministre de la Défense le 1er juin 1967, il est perçu, exagérément, comme « l’homme providentiel » du triomphe israélien lors de la guerre des six Jours. Il administre alors les territoires occupés, en particulier Jérusalem, qui préoccupera ce juif laïc. Dayan pressent l’isolement d’Israël, le lâchage de la France gaullienne, le rapprochement nécessaire avec les États-Unis. En octobre 1973, qui vit Israël débordé par les troupes égyptiennes (dans le Sinaï) et syriennes (dans le Golan), il est tenu abusivement par le sérail politico-militaire et l’opinion publique pour le principal responsable de l’impréparation de Tsahal. En 1977, il intègre en tant que ministre des Affaires étrangères le gouvernement du Likoud dirigé par Menahem Begin. Il est au cœur des négociations bilatérales avec l’Égypte d’Anouar el-Sadate qui mèneront à l’accord de paix de mars 1979. Dayan termine sa vie malade, écarté de la vie publique et affaissé dans un embourgeoisement ostentatoire.