
Temps-paysage. Pour une écologie des crises de Bernadette Bensaude-Vincent
Les crises s’entrechoquent, se cumulent : crise économique, crise financière, crise énergétique, crise sanitaire, crise climatique, etc. Aussi convient-il de saisir la pluralité des temporalités pour dégager des tendances sur lesquelles nous pourrions éventuellement agir. « Cet essai, prévient l’autrice, montre donc comment des lignes de vie se croisent et s’entrelacent et se propose de repenser les mondes bio-géologique, social ou technique comme des agencements exigeant des réglages fins de temporalités plurielles. » Si la flèche du temps ne répond plus à nos questionnements, il convient d’inventer « le temps-paysage qui compose les temps propres aux choses avec le temps propre aux histoires humaines et sociales ». Cela revient à ne plus vivre en attendant l’effondrement, mais à considérer le présent comme un horizon temporel appréciable pour réorienter les actions des humains. L’autrice en arrive, à travers la conception chinoise du paysage, à « paysager le temps », c’est-à-dire à « faire surgir des temporalités multiples dégagées de toute instance, ou laps de temps, déterminée ». À partir de là, rien ne se raconte comme auparavant, l’histoire des sciences et des techniques ne résulte plus d’une histoire progressive, mais en rhizomes, comme le suggèrent Deleuze et Guattari dans Mille Plateaux. Pour illustrer sa démarche, l’autrice réexamine les questions du nucléaire et du plastique, de manière documentée et convaincante.