
De l’écologie à l’écocritique
L’écologie s’est imposée ces dernières années comme une nouvelle matrice de l’engagement en littérature. La défense des écosystèmes ou le décentrement par rapport à la perspective humaine sont à la fois les vecteurs d’un positionnement politique et d’un renouveau esthétique. Que faut-il attendre de cette tendance ?
Pas plus que la politique, l’économie ou la philosophie, la littérature n’a été exemptée d’un tournant écologique qui a transformé en quelques générations le rapport au monde de l’Occident : allant à l’encontre d’une longue tradition faisant de la littérature la mise en scène du conflit des « hommes en action » (Aristote), la critique s’est mise à découvrir l’importance, massive et ancienne, du monde naturel et animal chez les écrivains. Si les littératures d’intervention contemporaines qui dénoncent l’industrialisation de l’animal (Jean-Baptiste Del Amo dans Règne animal ou Arno Bertina dans Des châteaux qui brûlent), ou les expérimentations littéraires cherchant à réfuter le « spécisme » en nous faisant vivre la vie d’un arbre (L’Arbre-Monde de Richard Powers) ou d’un animal (À la table des hommes de Sylvie Germain, adoptant le point de vue d’un cochon ; Tombouctou de Paul Auster celui d’un chien), en sont les pointes les plus spectaculaires, l’écologie est en passe de devenir une grille herméneutique essentielle pour la critique littéraire. Trouvant sa source dans le