
Sans rites, comment passer les âges ?
La pratique du rugby à Samoa montre que les corps, particulièrement guerriers, ne sont plus le lieu des marquages sociaux dans le cadre de rites d’initiation. L’inscription matérielle – sur le corps ou dans des objets – demeure pourtant le vecteur principal de la reconnaissance d’un individu (nouveau-né ou ancêtre) dans la société.
À partir d’une étude menée sur le rugby de Samoa et de réflexions ouvertes par l’histoire de cette société, j’aimerais interroger les modalités de la définition des âges dans notre société. Le détour anthropologique permet de questionner quelques uns des enjeux intergénérationnels, notamment ceux de la masculinité, du passage des âges, du corps, du rapport aux ancêtres et, pour finir, des nouveau-nés.
Voir aussi son entretien vidéo : "Les rites de passage ont-ils disparu ?"
Haka
Le travail que j’ai effectué sur le rugby de Samoa[1] m’a conduit à aborder la question des générations d’une double manière : d’une part, en interrogeant la position des jeunes hommes qui pratiquent le rugby ; d’autre part, en écoutant de manière répétée les propos de mes interlocuteurs français, ou des commentateurs sportifs, sur le remplacement de la guerre par le rugby et le statut de « guerriers du Pacifique » associé aux joueurs des équipes venues de cette région.
Le mot de haka, terme maori qui signifie « danse », est devenu commun en France et chez les amateurs de rugby pour désigner les danses chantées de ces équipes de rugby du Pacifique avant les rencontres internationales. Elles sont mises en scène par les producteurs des programmes sportif