
Soigner la société d’accueil
Soigner les migrants mais aussi l'environnement qui les accueille apparaît aujourd'hui comme une urgence et une nécessité tant pour leur insertion que pour leur construction psychique individuelle. Il s'agit d'améliorer l'accompagnement de ces individus dans un monde qui ne cesse de changer.
Nous mettons souvent l’accent sur la nécessité de soigner les « migrants ». En effet, ces derniers sont susceptibles de présenter deux à trois fois plus de troubles psychopathologiques (dépression, traumatisme, psychose…) que le reste de la population. Cependant, nous oublions aussi souvent la nécessité, voire l’urgence, de soigner en même temps l’environnement (États, institutions, professionnels et citoyens) qui accueille ces migrants et se retrouve exposé à leur détresse. On peut comparer l’arrivée des migrants dans la société d’accueil à l’arrivée d’un enfant dans la psyché de sa mère (figure primaire d’attachement) ou de la famille en général pour poser la question de la disponibilité psychique de la société d’accueil.
André Green a développé le « complexe de la mère morte » dans le cas de mères présentes physiquement mais absentes et non disponibles psychiquement pour prendre soin de leur enfant[1]. Un enfant confronté à l’absence psychique de son environnement primaire peut développer toutes sortes de pathologies. On peut donc aussi chercher la cause de certaines pathologies dites psychotiques (s’exprimant notamment par des actions violentes et des ruptures avec la réalité) présentées par les « migrants » dans la non-disponibilité psychique des sociétés d’accueil. Ainsi que l’ont souligné Andrea Tortelli et Maria Melchior à la suite de l’agression au couteau par un « m