
Beyrouth, capitale du pessimisme
À Beyrouth, pour lutter contre l’épidémie, gérer la crise économique et assurer la reconstruction du port, mieux vaudrait un État organisé qu’une oligarchie aux abois.
À Beyrouth, les discussions politiques sont habituellement animées et les échanges avec les amis libanais souvent édifiants, quand les faits les plus ordinaires de la vie quotidienne rencontrent la grande histoire. Aux terrasses, rares sont les événements du quartier qui ne sont pas la cause indirecte ou la conséquence lointaine d’une conférence internationale ; l’épisode politique le plus apparemment banal ne se comprend qu’en regard d’une histoire multiséculaire. Si Jérusalem est la ville des grandes religions, Beyrouth est le lieu de croisement de toutes leurs ramifications. En ce mois d’août 2020, non seulement les cafés fermés pour cause de confinement ont cédé la place aux échanges WhatsApp – première tristesse – mais les amis ont surtout perdu le goût du débat. L’avenir du monde ou ses origines ont cédé la place, dans les discussions, aux risques d’effondrement. Beyrouth est devenue la capitale du pessimisme.
Une double crise
Les deux causes essentielles du drame libanais sont connues. La première est un système politique désormais aux mains d’un petit nombre issu de tous les camps de la guerre civile, qui fait de la préservation des intérêts individuels ou de clans son objectif ultime. La seconde es