
Soljenitsyne : le lutteur est parti, l’écrivain reste
L’écrivain et le lutteur ont marqué le dernier tiers du XXe siècle de façon indiscutable. Son apparition fut foudroyante, éblouissante : depuis longtemps la Russie n’avait plus connu une telle énergie, une telle jubilation dans la bataille, un tel appétit de vérité.
C’est un phare, plein de fraîcheur d’âme, plein d’allant, de jeunesse, de bonheur. Nous avions oublié que de pareilles gens existent. Ses yeux sont comme des pierres précieuses.
L’éloge est d’Anna Akhmatova après sa première rencontre avec l’auteur d’Une journée d’Ivan Denissovitch, et c’est Lydia Tchoukovskaïa qui le rapporte dans ses Entretiens avec Anna Akhmatova.
Oh, Lydia Kornéevna, si vous aviez vu cet homme ! il est inimaginable. Il faut l’avoir vu pour le comprendre vraiment.
Akhmatova était à Moscou en visite chez des amis lorsqu’Une journée d’Ivan Denissovitch parut dans Novy mir. Elle déclare à son amie Lydia :
Je ne repartirai pas pour Leningrad tant que je n’aurai pas le no 11 de Novy mir entre les mains. Je veux m’assurer que nous sommes bien entrés dans une ère nouvelle.
Un amour blessé
L’ère Soljenitsyne… Il a plus marqué son temps que Khrouchtchev ou Brejnev, c’est par lui que l’on désignera ce renouveau de la vie russe, avant et après son expulsion de Russie sur ordre du Comité central, av