
Notre-Dame, un grand livre de pierre
Le 15 avril 2019, Notre-Dame est prisonnière des flammes. La littérature montre que la cathédrale, plus qu’un lieu de culte, est un lieu de culture et une leçon de poétique.
Le soir du 15 avril 2019, vers 18 heures 35, passant en taxi sur le quai de la Seine, j’avais à ma gauche le petit square de Saint-Julien-le-Pauvre, j’avais à ma droite, de l’autre côté du bras de Seine, Notre-Dame, mais je vis aussitôt une petite flamme et un panache de fumée noire qui montaient de la flèche de la cathédrale. J’étais loin d’imaginer que les pompiers ne maîtriseraient l’incendie naissant que vers cinq heures du matin, sauvant l’ossature de pierre de la cathédrale, mais que la charpente et la flèche allaient s’effondrer, noyant la nef ouverte sur le ciel rouge sang de débris de charpente et de plomb fondu.
Signe des temps
Qui dit Notre-Dame de Paris dit Victor Hugo. Son roman parut en 1831 ; il lui avait été commandé par un éditeur qui voulait un roman à la Walter Scott. Scott venait de créer le roman historique et toute l’Europe en voulait. Ce qu’on comprit mieux après le livre de Lukács, écrit en 1937 (à Moscou) : finis les héros et les grands chefs ! Au centre du fleuve histoire, des personnages dont les pensées restituées coulaient naturellement. Toute l’Europe rivalisa donc à qui mieux mieux avec Walter Scott, et Tolstoï porta le roman historique au zénith, en parachevant – pour un temps – la destruction des grands hommes.
Hugo exécuta magnifiquement cette commande : ses personnages pensent, souffrent et vivent comme au xve siècle. Un xve