
Anti-démocraties et démocraties dans les années 2020
Les anti-démocraties contemporaines (Turquie, Russie, Iran…) sont caractérisées par la paramilitarisation du pouvoir et la brutalisation des sociétés. Face à elles, des démocraties affaiblies et menacées peuvent se réinventer grâce aux luttes citoyennes.
Où en est le monde en ce début de cette troisième décennie du xxie siècle et qu’en est-il de la capacité de la pensée critique à l’expliquer, à défaut de pouvoir le transformer1 ? Peut-on encore analyser le politique en partant des notions comme État, pouvoir, puissance, société, institutions ou serions-nous entrés dans de nouveaux processus de brutalisation des sociétés2, entraînant dans leur sillage la destruction des repères de confiance dans le temps et dans l’espace, comme ce fut le cas durant la première moitié du xxe siècle ? Comment faire face aux peurs identitaires et sécuritaires, instrumentalisées avec succès par des courants généralement définis comme « populistes » qui prennent les sociétés démocratiques en otage ? L’action citoyenne devrait-elle « faire table rase » de nos démocraties assurément atones, comme le suggère une certaine gauche radicale, ou, à l’inverse, envisager leur transformation en prenant appui sur les ressorts dont elles continuent à disposer en dépit de leur crise institutionnelle et de sens ? Plus important encore, doit-on ignorer les différences entre les démocraties actuelles, que d’aucuns qualifieraient de « formelles », et les anti-démocraties de notre début du xxie siècle ?