
Cazeneuve, le funambule
L’ancien Premier ministre avance sur un fil au-dessus du vide : la gauche est émiettée et les Verts voguent au large toutes voiles dehors.
Tirant les enseignements du mouvement des Gilets jaunes, Bernard Cazeneuve, dans un article paru dans Le Débat, affirme que le projet écologique ne saurait se déployer sans s’inscrire dans les principes de la République sociale : l’aspiration à la liberté, le combat pour l’égalité, une conception active de la citoyenneté, une capacité de projection collective portée par l’État mais aussi les collectivités territoriales[1].
L’ambition écologique, fortement revendiquée par la présidence d’Emmanuel Macron, aurait jusqu’à présent échoué pour les raisons suivantes : une trop grande confiance dans le libre jeu du marché, une co-construction démocratique insuffisante des réformes, une absence de prise en compte des inégalités sociales et territoriales, en matière de transport notamment (entre les élites métropolitaines utilisatrices de l’avion, dont le kérosène n’est pas taxé, et les habitants des zones périurbaines et rurales tributaires de la voiture).
Selon Bernard Cazeneuve, seuls les instruments élaborés par la social-démocratie permettraient de relever avec succès le défi écologique : la fiscalité, à condition d’être équitable tant dans son champ d’application que dans sa redistribution ; l’investissement public, dès lors qu’il est massif et concentré sur les cinq secteurs clés dont la mutation doit être accompagnée : énergie, mobilité, urbanisme, construction et agriculture ; le relais démultiplicateur de l’Eur