
Guy Goffette, à la recherche du pain perdu
Le poète réunit à la table du présent des poèmes dispersés par le vent, balayés par le temps. Il a récolté la poussière, rassemblé les miettes (merveilleuses), ordonné ce rien décisif que nous appelons poésie.
Il faut mériter sa couronne, ce qui est vrai pour le sport est valable pour la littérature. Guy Goffette, le médaillé belge de la poésie, ne cesse de contenter son lectorat, et même de le combler, ainsi que le confirme son dernier recueil, nourri de très beaux vers[1]. Lisant ce titre, Pain perdu, les mots de Serge Reggiani sont les premiers qui nous reviennent : « Le temps, c’est comme ton pain/ Gardes-en pour demain. » Formule que l’interprète tient de son père et qui n’est pas perdue, elle, fixée qu’elle est dans la mémoire collective par le prisme d’une mémorable chanson (Le Temps qui reste). Ce rappel passé, on pense à une recette, le plat du pauvre, recyclé, composé d’ingrédients simples : pain, lait, œufs, beurre. Les images entourant le pain perdu ne manquent pas : on le dit « doré » au Canada, « dorée » dans le Périgord, « crotté » ou « ferré » dans le Nord. C’est encore un conteur, Georges Brassens, qui s’est longtemps espéré poète et l’est devenu par la chanson – prolongeant, sur tous les tons, la ballade de François Villon – qui se souvient dan