Puissances de la foi, séductions du marché (introduction)
Afin d’échapper à un aveuglement spécifiquement français sur le fait religieux, la première séquence de ce numéro a mis en avant les rapports qui s’instituent entre la religion et la politique dans une Europe sécularisée, souligné le caractère inédit des pratiques religieuses contemporaines et insisté, après l’écho rencontré par le discours de Ratisbonne de Benoît XVI1, sur un double phénomène : le rôle désormais majeur de la religion musulmane en Europe, mais aussi la tension au sein même de l’Europe « chrétienne » entre l’esprit « kantien » et « formaliste » du protestantisme et une Église catholique dont l’Autorité est considérablement fragilisée. D’où la tension entre un combat pour la laïcité et la « célébration » des valeurs chrétiennes. Mais, comme le rappelle ici d’entrée de jeu Blandine Chelini-Pont, nous ne vivons pas seulement aujourd’hui au rythme de la nation française « laïque » ou de l’Europe sécularisée : la planète religieuse se mondialise. Et nous sommes conduits à envisager l’avenir à l’aune d’évolutions anthropologiques et sociales qui ne sont pas nécessairement les nôtres.