
Sublime catastrophe
Quelles représentations de la crise écologique conduisent à l’action ? À celles de l’effondrement correspondent les affects de peur, mais aussi du sublime et du sadisme. Il faudrait plutôt solliciter des affects qui rappellent à l’homme sa finitude : l’inquiétude, le grotesque, la joie, l’abnégation.
« J’aime voir des choses mourir à distance,
Je vis par procuration [vicariously]
quand meurt le monde entier,
Ne mentez pas, vous aussi vous aimez »
Il n’est (presque) plus besoin de l’expliquer. L’événement est sur toutes les lèvres, dans toutes les discussions, il traîne dans l’air, que ce soit pour s’en affliger, pour s’y confronter, ou au contraire pour le nier. Les récents incendies du Brésil et ailleurs dans le monde nous le rappellent de façon tout à fait urgente. Le réchauffement climatique, et plus largement les dégâts écologiques d’ordres divers, de la pollution des mers à celle des terres, conduisent à une dégradation rapide de l’état global de notre environnement. Les causes de cette crise sont également connues : surproduction, rejets chimiques de l’industrie et de l’agriculture, surconsommation de ressources, production excessive de déchets, etc. Sa résolution est difficilement concevable sans une transformation globale de notre système économique. Cela suppose de transformer les institutions, les lois qui nous régissent, mais cela suppose aussi d’agir sur les désirs qui font que ces institutions tiennent. La question devient alors de savoir comment contrecarrer les images et représentations qui orientent les désirs individuels de façon non coordonnée vers des compo