
Une poupée en chocolat d'Amandine Gay
La couverture du premier livre d’Amandine Gay est ornée d’un banian, arbre dont les branches sont aussi des racines, « un arbre qui ne respecte pas les codes », qui trouble le regard par son aspect tentaculaire et majestueux. L’autrice s’y identifie, voit en lui une métaphore de sa quête des origines, de son identité en construction et, plus largement, de ces identités hybrides, exilées, qui sont celles des personnes adoptées dont l’expérience est au cœur de l’ouvrage.
La réalisatrice1 et autrice est elle-même une personne noire née sous X, adoptée quand elle avait quatre mois par un couple de personnes blanches. Le livre est dicté par « le besoin de justice et de changement social qui [la] pousse à écrire ici, à créer une nouvelle archive sur l’adoption du point de vue d’une adoptée ». Contrairement à ses films, dans lesquels elle donne la parole aux autres, Amandine Gay y parle de sa vie, de son expérience de personne adoptée, de sa quête des origines dont certaines étapes sont contemporaines de l’écriture, des attentes de la société française vis-à-vis des personnes adoptées, et singulièrement des personnes adoptées transnationales, dont on exige à tout instant la gratitude. Or, pour elle, « dans l’adoption transraciale ou transnationale, la gratitude doit changer de camp », et ce sont les pays dits « d’accueil » qui devraient être reconnaissants de ce