
Décalcomanies d’Elena Balzamo
Quel enfant n’a pas été émerveillé de voir apparaître, après avoir gratté un papier calque, une image aux contours et couleurs parfaits ? Ce sont des images de son enfance en Union soviétique que nous fait partager l’essayiste et traductrice, spécialiste de littératures scandinave et russe, Elena Balzamo, dans ce petit ouvrage nostalgique, parsemé de photographies en noir et blanc. Elle y raconte aussi sa passion précoce pour la lecture, ayant tôt fait sienne la devise de Marina Tsvetaïeva selon laquelle, pour les enfants, « il faut choisir les livres comme les vêtements : toujours une taille au-dessus ». De cette époque, il lui reste, à l’instar du Nabokov d’Autres Rivages, la mémoire de la lumière, des couleurs et des jeux. Mais aussi celle de ces échappées dans l’URSS des années 1960, loin de la vie citadine, confinée à trois puis à quatre dans seize mètres carrés. L’été, la datcha familiale, sans gaz ni eau courante, est un paradis pour les enfants qui s’adonnent à la pêche, au canoë, à la cueillette des champignons, et se passionnent, les jours de pluie, pour le Monopoly, ce jeu capitaliste, importé sous le manteau d’Angleterre. La famille prend le thé dans l