
À propos du sujet humain
Les trois derniers ouvrages de Jean-François Billeter (Le propre du sujet, Héraclite, le sujet et Court traité du langage et des choses) poursuivent son exploration du sujet humain. D’une conception inspirée par le philosophe chinois Tchouang-tseu à la pensée d’Héraclite, l’auteur dévoile avec originalité la place de l’individu au sein du monde qui l’entoure.
Jean-François Billeter nous enchante depuis une vingtaine d’années avec ses courts ouvrages publiés chez Allia. Ces textes concis, originaux et toujours brillants, tranchent avec la plupart des publications en sciences humaines, dont la longueur semble être un gage de sérieux. Peut-être s’inspire-t-il en cela de la méthode des textes « de génie » attribués au supposé auteur chinois Tchouang-tseu (Zhuangzi en pinyin), probablement mort vers 280 avant notre ère. Depuis de nombreuses années, Jean-François Billeter tente d’en comprendre et traduire certains passages significatifs, en s’écartant de la littéralité pure pour exprimer au mieux leur sens dans notre langage contemporain. Mais quoi de plus difficile que d’aller ainsi droit au but, affranchi des détails, pour développer une pensée juste et incisive ?
Philosophe spécialisé en études chinoises, célèbre pour des textes qui ont fait date1, ainsi que pour ses enseignements de la langue et la civilisation chinoise à l’université de Genève, Jean-François Billeter s’est toujours interrogé sur le thème du sujet humain. Il a exploré longuement les différences entre les cultures, commençant par un merveilleux article commentant le célèbre texte de Tchouang-tseu, « Le cuisinier Ding dépèce un bœuf », où il montre la distinction entre la pensée chinoise de l’agir et la pensée grecque et occidentale de la vision réflexive