
Le temps des prédateurs de François Heisbourg
La Chine, les États-Unis, la Russie et nous
Si l’auteur, spécialiste renommé de la géopolitique et des questions de défense, conseiller spécial à la Fondation pour la recherche stratégique, emploie l’expression « nous », ce qui signifie en vérité l’Europe, c’est que, dit-il, dans le milieu éditorial, le terme « Europe » fait figure de repoussoir, signifiant des ventes réduites (il intitule son dernier chapitre « L’Europe : un mot qui tue ? »). Le sujet du livre est bien de passer au crible les politiques offensives tous azimuts, menées par les trois grands « prédateurs », aux visées impériales non dissimulées.
À tout seigneur tout honneur, le premier d’entre eux reste les États-Unis, même si en parité de pouvoir d’achat, le PIB de la Chine a dépassé celui des États-Unis. Les dépenses de défense des États-Unis, qui ont dépassé les 700 milliards, sont encore près de trois fois plus importantes que celles de la Chine. Washington dispose de centaines de bases à l’étranger, ce qui n’est pas le cas de Pékin. Surtout, le dollar représente 62 % des réserves de change mondiales, assure 52 % des facturations commerciales internationales mais 88 % du marché des chan