
Une histoire des banlieues françaises d’Erwan Ruty
Il n’est jamais aisé d’historiciser un objet neuf à l’échelle de l’histoire contemporaine, en l’occurrence, les banlieues populaires françaises, tant le recul manque pour prétendre en proposer une histoire globale. Il faut donc saluer l’ambition du livre d’Erwan Ruty, quand bien même le titre de son ouvrage est en partie trompeur. Les banlieues populaires ne forment pas en effet la géographie physique des banlieues françaises. Mais alors que faudrait-il dire ? « Banlieues défavorisées », « banlieues sensibles », « quartiers », « cités » ? Aucune de ces formules tant usitées durant les années 1980 ne fut convaincante…
À dire vrai, cette histoire des banlieues populaires françaises tient moins d’une analyse historique de ces lieux, socialement et politiquement mis au ban de l’espace du droit commun, que d’une chronique fouillée et précise de la France périurbaine des quarante dernières années, l’auteur s’attachant à faire le récit de l’évolution de ces lieux en miroir de l’évolution sociopolitique du pays. Aucun fait, ou presque, ne manque, qu’ils s’inscrivent dans la vie politique du pays, la vie des idées, les mutations économiques de l’appareil productif français, les différents positionnements de l’État dans la gestion du pays, ou les révolutions culturelles inhérentes aux transformations de la société française, qu’elles s’incarnent dans l’émergence des musiques dites « urbaines » pour ne pas dire « populaires » – un vocable paradoxalement réservé à la variété fr