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Notes de lecture

Dans le même numéro

Le Mal qui vient de Pierre-Henri Castel

juin 2019

Dans cet essai spéculatif et curieux, Pierre-Henri Castel réfléchit aux conséquences morales de la fin du monde. Si cette dernière ne fait plus de doute, nous ne parvenons pourtant pas à y croire. Pour l’auteur, c’est que nous y sommes cyniquement résignés. Que ­restera-­t-il donc à ces derniers hommes, ceux pour qui la fin est proche et certaine ? L’hypothèse provocatrice que creuse l’auteur, contre « l’effondrementalisme », est la suivante : il ne leur restera qu’« une ivresse extatique de destruction ». Tel est « le mal qui vient ». Quand nous vivons sans lendemain, il ne nous reste plus que la jouissance du Mal. Heureusement, il nous est toujours possible d’avoir recours à la psychanalyse, ce qui assure à l’individu « une calme assurance et une liberté réelle ». Autrement dit, comme Nietzsche voyant flamber les merveilles du Louvre, il ne faut pas désespérer de cette volupté destructrice, puisqu’elle peut être aussi un moyen de se soulager de certains « fardeaux inutiles » et de déployer « une féroce vitalité ». La fin du monde est ainsi une invitation à une transformation de notre violence en une courageuse et dure capacité de création par ce qu’il faut bien appeler avec Freud « le travail de la culture » et que Pierre-Henri Castel résume par cette formule : « se rendre inintimidables ».

 

Cerf, 2018
128 p. 12 €

Jonathan Chalier

Rédacteur en chef adjoint de la revue Esprit, chargé de cours de philosophie à l'École polytechnique.

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Le soulèvement algérien

Dans un dossier sur « Le soulèvement algérien », coordonné par Hamit Bozarslan et Lucile Schmid, Esprit salue un mouvement non violent de revendication démocratique qui vise à en terminer avec un régime autoritaire et corrompu. Le souci de dignité permet aux Algériens de renouer avec leur conscience historique. À lire aussi dans ce numéro : un entretien avec Karol Modzelewski, un hommage à Pierre Hassner et une philosophie de l’événement.