
Le Mal qui vient de Pierre-Henri Castel
Dans cet essai spéculatif et curieux, Pierre-Henri Castel réfléchit aux conséquences morales de la fin du monde. Si cette dernière ne fait plus de doute, nous ne parvenons pourtant pas à y croire. Pour l’auteur, c’est que nous y sommes cyniquement résignés. Que restera-t-il donc à ces derniers hommes, ceux pour qui la fin est proche et certaine ? L’hypothèse provocatrice que creuse l’auteur, contre « l’effondrementalisme », est la suivante : il ne leur restera qu’« une ivresse extatique de destruction ». Tel est « le mal qui vient ». Quand nous vivons sans lendemain, il ne nous reste plus que la jouissance du Mal. Heureusement, il nous est toujours possible d’avoir recours à la psychanalyse, ce qui assure à l’individu « une calme assurance et une liberté réelle ». Autrement dit, comme Nietzsche voyant flamber les merveilles du Louvre, il ne faut pas désespérer de cette volupté destructrice, puisqu’elle peut être aussi un moyen de se soulager de certains « fardeaux inutiles » et de déployer « une féroce vitalité ». La fin du monde est ainsi une invitation à une transformation de notre violence en une courageuse et dure capacité de création par ce qu’il faut bien appeler avec Freud « le travail de la culture » et que Pierre-Henri Castel résume par cette formule : « se rendre inintimidables ».