
L’asile et l’exil. Une histoire de la distinction réfugiés/migrants de Karen Akoka
À travers son approche centrée sur l’histoire de la politique d’asile en France, Karen Akoka propose, dans ce livre issu de sa thèse, une analyse originale de celle-ci, venant déconstruire les stéréotypes d’un réfugié très éloigné du migrant économique, fruit d’un parcours individuel et non d’une immigration de masse. La sélection personnalisée d’hier s’opposant à un flux désordonné de flux mixtes, mêlant le profil de celui qui est à la recherche d’un refuge et d’un travail après le passage des frontières, correspond-elle à la réalité ?
Jusqu’aux années 1970-1980, le taux d’accord des demandeurs d’asile était de 70 %. Il passe à 15 % durant les années 1990, puis aujourd’hui à 30 % environ en France. Son enquête historique, menée à partir des archives de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), mais aussi d’entretiens et de biographies de responsables de la politique d’asile, montre qu’il s’est agi davantage de l’organisation de la protection des réfugiés, à une période où l’asile n’était pas un sujet de politiques publiques et moins encore un débat dans l’opinion, que de la sélection des demandeurs en application de la définition de la convention de Genève, fondée sur la persécution et la crainte fondée de persécution. En réalité, elle montre que mener une politique d’asile a toujours été faire de la politique par d’autres moyens : face aux dissidents de l’Est, aux boat people de la guerre du Vietnam, archétypes rêvés des réfugiés