
Histoire de Naples de Laurent Bolard
La collection d’histoire des éditions Fayard propose le portrait au long cours d’une ville qui fut capitale, mais qui ne l’est plus depuis l’unité italienne, sans que le pays ne parvienne à la considérer aussi bien que son passé le permettrait. L’antique Neapolis, en rejoignant Turin, Milan ou Gênes dans un nouvel État en 1861, renonçait à sa centralité dans le royaume de Naples et celui des Deux-Siciles, cependant que débutait l’impensé du Mezzogiorno dans la politique et l’économie italiennes. Ce n’est pas pour autant l’histoire d’un déclassement, tant Naples prédomine dans le sud de l’Italie, en raison de son passé, mais aussi de son poids démographique, de son imagerie, des clichés sur la Camorra (dont l’historien narre très vivement les origines et l’imprégnation contemporaine) et de la double présence du Vésuve et des ruines de Pompéi, attirant les scientifiques avant les touristes. L’auteur évoque la densité de population constamment élevée, et les travaux et aménagements ayant créé tel quartier ou ouvert telle voie. Historien de l’art et spécialiste du Caravage, Laurent Bolard consacre un chapitre détaillé à l’art baroque à Naples, qu’il lie à la dévotion catholique prégnante chez ses habitants, y compris dans un culte particulier des morts et des âmes du Purgatoire, qui serait apparu après une épidémie de peste en 1656. Ainsi, le lecteur a l’impression de parcourir la ville, entre les églises, le port et les institutions charitables. Les pages sur la Révolution française et ses conséquences dans la ville sont remarquables : l’auteur décrit au plus près les actions et les principales figures de la courte République parthénopéenne (janvier-juin 1799). Enfin, les développements sur la vie politique napolitaine du Moyen Âge au début du xixe siècle, établie autour de « sièges » et de notabilités, intéresseront le public curieux de découvrir un mode de gouvernement différent de ceux de Florence, de Sienne ou de Venise.