
La tropicalisation du monde de Xavier Ricard Lanata
Xavier Ricard Lanata, haut fonctionnaire qui fut chercheur et employé dans diverses Ong, a été conseiller à l’Agence française de développement au temps où Gaël Giraud (qui signe la préface de cet ouvrage) en était le chef économiste, connu pour son approche éthique peu commune du système économique. Cela se ressent dans la thèse stimulante que l’auteur propose dans ce bref essai. Le Nord et le Sud, pris comme un rapport de dominants à dominés dans l’histoire globale et non comme une simple position géographique, s’inversent et s’égalisent. Le Nord – les pays qui se sont affirmés comme développés – fait aujourd’hui l’objet du même processus de colonisation qu’il a autrefois imposé au Sud. La recherche de la rentabilité immédiate et l’endettement sans fin, au profit d’une valeur financière virtuelle, sont imposés à la société par une logique prédatrice que plus personne ne contrôle. Ainsi « l’Occident devient une colonie soumise aux appétits du capital, dont l’accumulation est devenue synonyme de croissance », selon une logique extractiviste qui touchait déjà les colonies, où la nature comme l’humain ne sont que ressources, suscitant des crises sociales, écologiques et politiques. À ce mal, l’auteur oppose une force équivalente : pour recréer le social dont l’humain a besoin et préserver le lieu qu’il habite, il faut s’inspirer des ontologies relationnelles qui, au Sud en résistance, ont ouvert un