
La créativité de la crise d'Évelyne Grossman
L’essai littéraire, qui invite à penser l’univers des livres, a une double fonction : aider à trouver une cohérence dans des productions souvent énigmatiques, qui défient l’entendement, et délimiter un territoire dans une abondante production. Signaler ainsi quelles sont les œuvres marquantes, celles qui sont appelées à rester. Autrement dit, l’essayiste dans ce domaine utilise les ouvrages et les auteurs qu’il trouve dignes d’intérêt et tente d’articuler une pensée qui met en valeur les grandes idées qui le traversent au cours de leur fréquentation. Il cherche à percer ce mystère de la fascination qu’exercent certaines œuvres sur notre esprit sans que l’on comprenne toujours bien pourquoi.
Avec son dernier livre, Évelyne Grossman nous en donne un exemple frappant. S’appuyant sur des auteurs dont elle observe les œuvres depuis longtemps, elle étudie les rapports entre crise et écriture, entre déséquilibre et créativité, entre menace du silence et impulsion créative. L’auteure observe le mystère qui lie les moments de dépression à l’acte d’écrire. Grâce à des exemples bien choisis – d’Artaud à Joë Bousquet, en passant par Calaferte et Huguenin