
La Saison des ouragans de Fernanda Melchor
De la même façon que, comme disait Michel Leiris, au fond de la subjectivité la plus profonde, on peut atteindre à l’objectivité, c’est au cœur des particularités locales que l’on peut toucher l’universel. La réussite du roman de Fernanda Melchor tient à cette dynamique. Elle fait partie d’une génération d’écrivains qui a vécu sa vie d’adulte entourée par la violence et la mort. Si cette présence n’est pas neuve au Mexique, elle a pris un ton différent depuis une dizaine d’années avec l’imposition de la fameuse guerre contre les narcos. Cela a marqué la littérature locale : citons les livres d’Emiliano Monge, Yuri Herrera, Julian Herbert et Antonio Ortuño.
Si certains livres offrent du rêve, celui-ci ne peut présenter que des cauchemars. Le récit se déroule dans une petite ville de province mexicaine, écrasée par une chaleur étouffante, dans un lieu abandonné de tout, sans repère, sans lien avec le monde. Des existences mornes s’y déroulent sans grande passion et chacun lutte contre la vacuité avec ce dont il dispose ; peu d’entre eux croient en quelque chose et, si une mère prône la foi, elle est bien seule, et les autres plongent plus facilement dans la drogue, l’alcool et le sexe, dans des plaisirs immédiats qui font oublier la pesanteur de l’existence. Dans cet enfermement, la pourriture prend le dessus ; l’histoire de la mécanique d’exclusion et de solitude qui se met en place et détruit les personnages constitue le centre du texte. Au fond de leur d