
Vie de Gérard Fulmard de Jean Echenoz
Le dernier livre de Jean Echenoz renoue avec le style de ses débuts, marqué par l’humour et le sens du pastiche, tout en obéissant aux règles du genre. L’auteur appartient en effet à une génération qui a dû se réconcilier, à la fin des années 1970, avec la création de personnages et de récits, sans pour autant oublier le fameux « soupçon » de Nathalie Sarraute.
Le titre sonne comme celui d’une hagiographie et pourtant c’est bien un hommage aux Vies minuscules de son ami Pierre Michon. Ce nom si commun, Gérard Fulmard, sent bon le franchouillard un peu gris, se place en contrepoint d’une vie d’exception, paradoxe d’un titre écartelé entre le caractère exceptionnel d’une vie et la banalité du patronyme. Jusqu’à sa pauvre existence, à peine une vie, Gérard Fulmard est un type médiocre, steward renvoyé par son employeur en raison d’un mystérieux scandale et qui aimerait bien devenir détective privé.
L’histoire commence par une catastrophe : des restes d’un satellite s’écrasent à deux pas du domicile de notre anti-héros, rue Erlanger. Nous assistons alors à la mise en place d’une histoire aux résonances politiques qui mêle enlèvement, intrigues diverses sur fond de parti politique divisé entre clans implacables, calculs sordides sur l’avenir de ladite formation, avec en prime une héroïne dévorée par un requin effroyable, des liaisons érotiques ou amoureuses marquées par des ambitions immorales, des gardes du