
Du haut de mon cerisier de Paola Peretti
Trad. de Diane Ménard, illustrations de Carolina Rabei
On retrouve dans ce joli livre, intime et personnel, les couleurs du Petit Prince et de Mon bel oranger. Publié en 2018 en italien sous le titre La distanza tra me e il ciliegio, Du haut de mon cerisier raconte l’histoire de Mafalda, une fillette qui perd progressivement la vue. Le titre italien fait référence à la distance à laquelle Mafalda est capable d’apercevoir le cerisier de son école où elle aime à grimper, une distance qui se réduit au fur et à mesure, alors que le titre de la traduction française, qui implique un passage de la dimension horizontale à la dimension verticale, semble souligner la présence du rêve dans le livre. En effet, Mafalda se réfugie dans un monde imaginaire, avec son chat Ottimo Turcaret et Cosimo, le personnage du Baron perché d’Italo Calvino, qui a vécu toute sa vie sur les arbres et n’en est descendu qu’en mourant. Comme Zezé qui parle à son oranger Minguinho dans Mon bel oranger, Mafalda parle avec Cosimo ; comme Zezé avec Portuga, elle entretient une relation d’amitié avec Estella, la concierge roumaine de l’école, qui lui apprend à chercher en elle « l’essentiel », plus fort que la cécité. Mafalda est ainsi amenée à voir le monde autrement, non pas avec les yeux, mais avec tous les autres sens. Elle arrive à développer des perceptions inattendues. Pour elle, les pleurs de Ravina, la fiancée de son cousin, sentent l’eau et la plage. À la fin du récit, Mafalda, devenue aveugle