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Notes de lecture

Dans le même numéro

Du haut de mon cerisier de Paola Peretti

Trad. de Diane Ménard, illustrations de Carolina Rabei

janv./févr. 2021

On retrouve dans ce joli livre, intime et personnel, les couleurs du Petit Prince et de Mon bel oranger. Publié en 2018 en italien sous le titre La distanza tra me e il ciliegio, Du haut de mon cerisier raconte l’histoire de Mafalda, une fillette qui perd progressivement la vue. Le titre italien fait référence à la distance à laquelle Mafalda est capable d’apercevoir le cerisier de son école où elle aime à grimper, une distance qui se réduit au fur et à mesure, alors que le titre de la traduction française, qui implique un passage de la dimension horizontale à la dimension verticale, semble souligner la présence du rêve dans le livre. En effet, Mafalda se réfugie dans un monde imaginaire, avec son chat Ottimo Turcaret et Cosimo, le personnage du Baron perché d’Italo Calvino, qui a vécu toute sa vie sur les arbres et n’en est descendu qu’en mourant. Comme Zezé qui parle à son oranger Minguinho dans Mon bel oranger, Mafalda parle avec Cosimo ; comme Zezé avec Portuga, elle entretient une relation d’amitié avec Estella, la concierge roumaine de l’école, qui lui apprend à chercher en elle « l’essentiel », plus fort que la cécité. Mafalda est ainsi amenée à voir le monde autrement, non pas avec les yeux, mais avec tous les autres sens. Elle arrive à développer des perceptions inattendues. Pour elle, les pleurs de Ravina, la fiancée de son cousin, sentent l’eau et la plage. À la fin du récit, Mafalda, devenue aveugle, se lance dans le vide du haut de son cerisier, accompagnée du souvenir d’Estella qui veille sur elle, et laisse s’enfuir la petite fille qu’elle était et qui avait peur de redescendre de son arbre ; dans une chute libératrice, elle retombe sur une terre qu’elle peut habiter : aveugle extérieurement, mais accompagnée de l’amour de sa famille et de Filippo, le garçon dont elle est amoureuse, sous le regard aimant d’Estella disparue, elle sait désormais que « l’essentiel est invisible et qu’on ne voit bien qu’avec le cœur ».

Gallimard, 2019
208 p. 12,50 €

Samuel Bidaud

Docteur en sciences du langage, Samuel Bidaud est chercheur postdoctoral à l'Université Palacky d'Olomouc (République tchèque) au département d'études romanes.

Dans le même numéro

Femmes en mouvements

Les femmes sont au cœur de nombreux mouvements sociaux à travers le monde. Au-delà de la vague #MeToo et de la dénonciation des violences sexuelles, elles étaient nombreuses en tête de cortège dans le soulèvement algérien du Hirak en 2019 ou dans les manifestations contre le président Loukachenko en Biélorussie en 2020. En France, leur présence a été remarquée parmi les Gilets jaunes et dans la mobilisation contre le dernier projet de réforme des retraites. Dans leur diversité, les mouvements de femmes témoignent d’une visibilité et d’une prise de parole accrues des femmes dans l’espace public, de leur participation pleine et entière aux débats sur l’avenir de la cité. À ce titre, ils consacrent l’existence d’un « sujet politique féminin ».