
Enfin le royaume de François Cheng
La poésie de François Cheng inspire un humble émerveillement et une espérance profonde, qui s’enracine dans la contemplation du vivant qui ne meurt pas. Il y a à la source de cette vision la synthèse de ses deux cultures, orientale et occidentale, celle d’Asie et celle d’Assise[1], le taoïsme et le bouddhisme d’une part, le christianisme d’autre part. L’univers fonctionne pour le poète sur un principe de complémentarité où l’un implique l’autre, où rien ne se détruit : « Que par le long fleuve on aille à la mer !/ Que par le nuage-pluie on retourne à la source ! » L’une de ses figures récurrentes est ainsi le chiasme, comme la juxtaposition des contraires dont la synthèse aboutit à la voie du milieu : « Une brume outremer unit humain-divin sol-ciel. » Et puis, il y a ce présent vers lequel tend François Cheng et qui n’est autre que l’éternité ici et maintenant ; « apogée de l’été » où maintenant et toujours ne font qu’un. Voilà le poète qui se t