
Les accords silencieux de Marie-Diane Meissirel
Avec ce roman, Marie-Diane Meissirel laisse filtrer, au milieu de toute la cruauté de l’histoire, une musique personnelle et empreinte de douceur – de cette douceur qui peut rendre le monde meilleur en faisant naître la compassion au cœur de chacune et chacun. Il n’est pas évident d’écrire un tel livre, qui se déroule sur plusieurs générations et dans des parties du monde très différentes. Ce n’est pas une fresque – il n’a rien d’épique – mais suit les destins, qui n’ont apparemment rien à voir, de Tillie, une vieille femme, et de Xià, une jeune étudiante chinoise qui vient jouer du piano dans la villa hongkongaise de Tillie. Pour (ré)unir ces deux voix/es, un piano Steinway, qui a traversé les époques et les lieux et qui raccorde à leur insu les deux femmes, liées l’une à l’autre par leur passé que les extraits du journal de Tillie et la remontée dans la vie de la famille de Xià nous révèlent peu à peu. Malgré la forte présence des événements historiques et leurs répercussions sur les générations qui passent, Les Accords silencieux incarne la persistance de la personne face à la collectivité et à l’histoire.
Une bonne partie du roman se déroule au cours de la révolution culturelle chinoise, dont nous est dévoilée l’atrocité : où l’on est roué de coups, humilié et battu à mort parce qu’on joue de la musique classique, considérée comme un symbole de la bourgeoisie occidentale ; où les instruments « étrangers » sont saccagés ; où l’on rase les cheveux des fem