
En attendant la neige de Lhasham-Gyal
Trad. par Françoise Robin
Ce premier roman de Lhasham-Gyal résonne comme un long poème nostalgique, une ode ininterrompue au Tibet et à ses habitants. Le passage du temps, incarné par l’histoire de vie culbutée de quatre amis d’enfance, le narrateur, Säldrön, Nyima Döndrup et Tharphel, ne fait que glisser sur la beauté d’une nature qui, seule, garde en mémoire la trace de ce qui est authentique et témoigne de valeurs pérennes. L’écrivain puise dans son vécu, depuis sa découverte du pouvoir des mots quand, dans sa jeunesse en Amdo, haute montagne au nord-est du Tibet, il lisait tout en gardant des moutons, jusqu’à son travail actuel au Centre de recherches sur les études tibétaines de Pékin, pour illustrer les bouleversements économiques, politiques et sociaux de son pays. Mais au-delà des blessures infligées par la prégnance d’une réalité souvent hostile et subversive, c’est toute la question de l’identité, de la fidélité à un idéal hérité ou choisi qui habite et nourrit le récit.
La construction du roman, marquée par des retours en arrière, la description détaillée de lieux, de paysages, le rappel de liens anciens et de rapports de force ancestraux, les conversations directes ou indirectes entre les amis sur leurs choix, leurs hésitations, leurs compromis aussi, reflète la douloureuse insertion dans un monde encore largement perçu comme étranger. L’absence de linéarité dans la narration concourt à révéler le trouble qui perturbe tous les personnages du roman, contraints à repenser leurs all