
À qui appartient l’eau ?. Faire barrage à la privatisation d’une ressource vitale de Maude Barlow
Préface de Rébecca Pétrin, trad. par Marie-Hélène Cadieux
Maude Barlow est une activiste du droit à l’eau depuis 1985, quand le Premier ministre du Canada, Brian Mulroney, considéra que l’on pouvait « faire des affaires » avec l’eau. Un peu partout alors dans le monde, la privatisation de l’eau – condition requise par la Banque mondiale pour ses financements – s’accélérait et les luttes citoyennes se multipliaient. Depuis, la situation est tendue : les multinationales s’enrichissent, tandis que les prix au robinet augmentent. Les 465 milliards de bouteilles d’eau achetées en 2020 (contre un milliard en 1970) épuisent les nappes phréatiques ou détournent l’eau destinée à l’agriculture, et polluent les océans. L’empreinte totale d’eau virtuelle par personne atteint 4 000 litres par jour. Pourtant, 3, 6 milliards de Terriens n’ont pas accès à l’eau au moins un mois par an. Le 31 octobre 2004, l’Uruguay reconnaît le droit à l’eau, entraînant le Kenya, la Bolivie, l’Équateur, l’Éthiopie, la France, la Belgique et les Pays-Bas à réécrire leur Constitution. Dorénavant, ces gouvernements s’engagent à respecter trois obligations : celle d’offrir de l’eau potable, celle d’éviter les coupures et celle de protéger l’eau de toute captation prédatrice. Depuis 2009, Maude Barlow promeut les « Communautés bleues », qui considèrent l’accès à l’eau comme un droit fondamental, un bien commun et gratuit sur lequel nul ne peut s’enrichir. On en dénombre trente-quatre au Canada et vingt-neuf en Suisse. Ailleurs, la contestation s’amplifie pour que l’eau soit administrée par les services publics.