
À vue de nez sous la dir. de Brigitte Munier
« Voyez-vous, un parfum éveille la pensée », disait Victor Hugo, avec raison comme le démontre ce riche ouvrage dirigé par Brigitte Munier. Elle réunit les meilleurs auteurs, comme le regretté André Holley (à qui est dédié l’ouvrage) qui a appliqué les cognisciences à ce sens réputé volatil et insaisissable, mais aussi Benoist Schaal et Joël Candau qui scrutent la communication via l’odorat en distinguant les hommes des femmes ou encore Roland Salesse qui explique comment des chiens sentent certaines pathologies des humains. Bernard Valade, quant à lui, s’attarde sur les romanciers naturalistes qui savaient si bien exprimer, à partir des odeurs, un milieu social, un trait de caractère, un sentiment et il en fournit divers exemples puisés chez Zola, les Goncourt, Huysmans et quelques autres qui décrivaient avec des mots les senteurs, remugles, fragrances, exhalaisons et autres empyreumes et effluves ! David Le Breton s’attarde sur l’affectivité. En effet, il considère que « les affinités électives sont d’abord olfactives » et que « l’odorat est un sens fort de classification morale et donc de discrimination ». Agnès Giard nous informe qu’au Japon existe la notion de « harcèlement olfactif » et que l’on commercialise des senteurs prétendues « érotiques », comme certains parfums pour love dolls intitulés « odeur de sueur de vierge », « odeur d’aisselles de lycéenne », « jus de baise »… Selon les cultures et les époques, les odeurs, bonnes et mauvaises, nous en disent beaucoup sur l’état d’une société !