
L’aménagement face à la menace climatique. Le défi de l’adaptation de Vincent Berdoulay et Olivier Soubeyran
Deux brillants géographes, auteurs d’un ouvrage pionnier, L’Écologie urbaine et l’urbanisme (La Découverte, 2002), récidivent avec une profonde réflexion sur la notion d’« adaptation » dans le contexte du dérèglement climatique. Le grand intérêt de cet essai réside dans le jeu permanent entre l’histoire des idées, l’expertise des pratiques aménagistes et les défis environnementaux. Les auteurs sont convaincus que la « pensée aménagiste » n’a pas dit son dernier mot. Les auteurs suivent de près les modifications successives qui affectent la conception d’adaptation depuis le transformisme de Lamarck. Les auteurs rendent hommage à George Perkins Marsh et à Carl Sauer, à l’initiative du symposium sur « le rôle de l’homme dans la transformation de la face de la Terre », tenu en 1956. Se posent alors les questions de l’« autonomie » et de l’« immunité », qu’ils traitent avec subtilité : faut-il mettre en œuvre une planification urbaine, par exemple, qui vise à l’immunité ou bien alors, laisser « les choses » faire ? Pour mieux éclairer cette réflexion, les auteurs s’attardent sur un article « fondamental » de David Godschalk, “Urban hazards mitigation: Creating resilient cities” (Natural Hazards Review, 2003). Ce dernier, à la suite des attentats du 11 septembre 2001, aborde ensemble résilience et terrorisme, quitte à accepter une politique liberticide. Les auteurs appliquent cette approche à la « gestion de la crise » causée par l’ouragan Katrina en août 2005 à La Nouvelle-Orléans. En conclusion, ils évoquent un scénario « sécuritaire », qui est en partie déjà mis en place, « à grand renfort de technologies de surveillance, et prenant acte de l’impossibilité de prévoir toutes les catastrophes », et un scénario dit de « démocratie écologique », qui s’appuie sur un « pilotage par les conséquences » visant à « faire avec » et non plus « contre » la nature.