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Notes de lecture

Dans le même numéro

La vie dans l’espace public de Jan Gehl et Birgitte Svarre

janv./févr. 2020

Nous connaissions déjà Pour une ville à l’échelle humaine (Écosociété, 2012), qui expliquait comment rendre une ville habitable, en réduisant la vitesse des automobiles et leurs emplacements, en évitant les gratte-ciel, en privilégiant la marche et le vélo, en attribuant la priorité aux espaces publics, bref en tenant compte des gens pour contribuer à leur mieux-être urbain. Avec ce guide pratique, les auteurs partent d’un constat : « Le cœur du problème réside dans l’interaction entre la vie et l’espace urbain sous tous ses aspects. » ­L’architecte danois et sa collaboratrice retracent l’historique de la préoccupation qualitative des lieux urbains (ce qui fait qu’un endroit est plus fréquenté qu’un autre), avant d’expliquer comment observer une rue, un boulevard, un parvis, selon les heures du jour et de la nuit, les jours de la semaine, les saisons, mais aussi selon l’âge et le genre. Cette observation permet le dénombrement, la représentation carto­graphique des données recueillies, le traçage, le pistage, la photographie, le journal de bord et la promenade d’essai. Les auteurs indiquent leur bibliothèque idéale, où ne figure aucun auteur français, pas même Françoise Choay : Camillo Sitte, Gordon Cullen, Jane Jacobs, William H. Whyte, Kevin Lynch, Robert Sommer, Christopher Alexander, Clare Cooper Marcus, Donald Appleyard, Peter ­Bosselmann, Allan Jacobs et bien sûr les études et publications de Jan Gehl et de sa femme, Ingrid, psychologue de l’espace. Tous les deux élaborent la notion d’« endroit où il fait bon vivre » et critiquent « la pauvreté de l’expérience sensorielle et l’échelle inhumaine des complexes immobiliers modernistes » dans Life Between Buildings (1971), traduit en vingt-deux langues, sauf le français. La santé, la sécurité et la qualité des espaces publics ne peuvent s’améliorer que si l’on met le mieux-être des citadins au cœur des projets urbains, associé à la préoccupation environnementale. Jan Gehl et Birgitte Svarre font état de leurs propres observations aussi bien sur les « bons endroits où se tenir » et « où s’asseoir », la marche, le chemin le plus court, les cinq sens, l’échelle, etc., avant de présenter plusieurs études de cas (Copenhague, New York, Sydney, Le Cap, etc.) et les photographies «  avant  » et «  après  » sont éloquentes et prouvent qu’il est possible d’améliorer un lieu sans dépenser beaucoup d’argent. La dernière phrase du livre en résume la philosophie : « Dans une ville digne de ce nom, tout tourne autour des gens. »

Écosociété, 2019
192 p. 29 €

Thierry Paquot

Philosophe, professeur à l'Institut d'urbanisme de Paris, il est spécialiste des questions urbaines et architecturales, et participe activement au débat sur la ville et ses transformations actuelles. Thierry Paquot a beaucoup contribué à diffuser l'oeuvre d'Ivan Illich en France (voir sa préface à Ivan Illich, La Découverte, 2012), et poursuit ses explorations philosophiques du lien entre nature,…

Dans le même numéro

Le partage de l’universel
L'universel est à nouveau en débat : attaqué par les uns parce qu'il ne serait que le masque d'une prétention hégémonique de l'Occident, il est défendu avec la dernière intransigeance par les autres, au risque d'ignorer la pluralité des histoires et des expériences. Ce dossier, coordonné par Anne Dujin et Anne Lafont, fait le pari que les transformations de l'universel pourront fonder un consensus durable : elles témoignent en effet de l'émergence de nouvelles voix, notamment dans la création artistique et les mondes noirs, qui ne renoncent ni au particulier ni à l'universel. À lire aussi dans ce numéro : la citoyenneté européenne, les capacités d'agir à l'ère numérique, ainsi que les tourmentes laïques, religieuses, écologiques et politiques.