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Copyright Lavi Diaz
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Halte de Lav Diaz, entretien avec Hazel Orencio

Nous avons rencontré à Cannes Hazel Orencio, l’interprète principale philippine de tous les films de Lav Diaz depuis une petite dizaine d’années. Elle présentait Halte, leur dernier opus, en compétition à la Quinzaine des réalisateurs. L’occasion de revenir ensemble sur sa carrière : sa formation théâtrale, sa rencontre avec Lav Diaz en 2010 et la multitude de rôles qu’elle assume depuis à ses côtés : actrice, productrice exécutive, assistante-réalisatrice, assistante-monteuse, directrice de casting, preneuse de son.

Le public la connaît pour ses rôles inoubliables de jeune femme handicapée suite aux mauvais traitements de son père durant l’enfance, puis prostituée par ce même père (Florentina Hubaldo, CTE, 2012), de nounou protégeant les enfants de Norte (2013). Dans ses derniers films elle relève le défi de jouer des rôles ultra-violents de bourreaux, comme ce milicien tortureur et violeur dans La Saison du diable (Entretien avec Lav Diaz). Dans Halte elle interprète une militaire terrible au service d’un dictateur fou. L’extraordinaire palette de ses talents est aujourd’hui la clé de voûte du cinéma de ce géant du cinéma contemporain qu’est Lav Diaz.

Cinéaste de la lenteur, connu pour ses très longs plans séquence fixes et pour les durées extravagantes de ses films (4h39 seulement pour Halte), et pour ses fresques épiques sur le calvaire des tyrannies étrangères puis domestiques pour le peuple philippin, Diaz offre ici un véritable chef d’œuvre d’anticipation dystopique. Plongé dans le noir ; dans un temps d’après l’éruption d’un volcan où le soleil ne se lève plus. Un temps d’après l’arrivée au pouvoir d’un tyran digne du Dictateur, et bien sûr de Duterte.

Dans cet entretien, Hazel Orencio apparaît à la fois comme une très grande actrice et comme une femme à la détermination et au courage implacables, qui rend possible autant qu’elle inspire ce cinéma de résistance qui travaille à « se réapproprier collectivement la confiance en l’avenir (reclaim the trust in the future) », comme le disait Lav Diaz (retenu malgré lui à Cuba) dans une adresse au public lue sur scène par Hazel Orencio.

Entretien réalisé par Elise Domenach et Josiane Scoleri.
Interprète : Michèle Halberstadt.

Élise Domenach

Élise Domenach est maîtresse de conférences, habilitée à diriger des recherches, en études cinématographiques à l’École normale supérieure de Lyon. Elle a récemment dirigé L’écran de nos pensées. Stanley Cavell, la philosophie et le cinéma (ENS Éditions, 2021). Elle est également l’autrice de Le paradigme Fukushima au cinéma. Ce que voir veut dire (2011-2013), à paraître chez Mimesis en avril…

Hazel Orencio

Actrice philippine.