
Dumont à l'assaut de l'infospectacle
Le dernier film de Bruno Dumont entremêle satire à gros traits et mélodrame pour dénoncer un système médiatique contemporain vicié, farce de l’infomarchandise et machine à broyer le vrai, et les êtres.
Disons-le, la bande-annonce du dernier film de Bruno Dumont, France, n’était pas engageante. Fallait-il voir ce film qui semblait sonner faux ? Mais Dumont, philosophe, agnostique passionné par la mystique, cinéaste qui aime ses personnages – peut-être même plus que ses acteurs – avec leur côté de traviole, leurs dérapages, leurs catastrophes, leurs élans désespérés, filmeur qui n’y va jamais avec le dos de la cuillère, en parlait bien. Alors on y est allé. France vaut beaucoup mieux que sa bande-annonce. On a pu reprocher à Dumont de n’avoir pas su choisir entre satire à gros traits et mélodrame, mais c’est précisément parce qu’il entremêle les deux, dans une chimère cinématographique, qu’il crée quelque chose de singulier. Sa cible : la dérive télévisuelle de l’infospectacle, qui fictionne la réalité et starise ses présentateurs pour faire de l’audience. À la manière de ce qu’il dénonce, il grossit le trait et caricature pour que le spectateur ait en permanence conscience qu’il se trouve devant une construction imaginaire, qui certes emprunte à la réalité, parle de la réalité, mais n’est pas cette réalité.
Dumont fait faux pour donner à réfléchir vrai.
Dumont fait faux pour donner à réfléchir vrai. Exactement l’inverse de ce que produit l’infospectacle qui prétend faire vrai et donne à penser faux, tandis que le téléspectateur est porté à croire qu’il est au cœur de l’événement. En le saturant autant que faire se peut d’é