#MoiAussi
« Le problème sans nom. » C’est ainsi que Betty Friedan, dans The Feminine Mystique, décrit la situation des femmes américaines dans les années 19501. Engoncées dans leur rôle de mère et d’épouse, elles souffrent mais ne parlent pas, refoulent leurs doutes, ne comprennent pas pourquoi elles étouffent, se pensent anormales, malades, étranges. Betty Friedan va les voir, recueille leur parole et, soudain, la norme se trouve exposée pour ce qu’elle est : un système de domination.
Aujourd’hui, de nombreuses femmes, se passant d’interprètes, s’expriment sur les réseaux sociaux et témoignent du harcèlement, des violences et des agressions dont elles ont été victimes. Les mots-dièse #balancetonporc et #MeToo ont saturé l’espace immatériel de mains posées sur des hanches, des fesses, des seins, de sexes exposés, de menaces si peu voilées, de recoins sombres et de peurs rentrées. Dénonciation ? Certainement. Délation ? On a vu peu de noms propres dans les tweets et les posts qui ont circulé, mais beaucoup de récits, une volonté de rendre compte, de se sentir écoutée, de faire prendre conscience, aux hommes et aux autres femmes, de la banalité de ces maux comme de leur réalité.