
Le rêve chinois de religion civile
Depuis 2012, l’équipe dirigeante de la Chine construit une nouvelle religion civile, par laquelle l’Etat reprend sa fonction de pourvoyeur de sacralité, contrôle strictement les cultes locaux et organise la vénération de la terre chinoise éternelle. On peut se demander si un tel rêve chinois peut accrocher sur les nouvelles réalités urbaines du pays.
Le Parti-État chinois a-t-il transformé son armature idéologique et, partant, a-t-il changé de nature depuis l’arrivée à sa tête de Xi Jinping en octobre 2012, laquelle a été suivie de l’affermissement de son pouvoir, voire de l’apparition de son culte ? Qu’est-ce qui, d’après l’équipe dirigeante actuelle, s’avère nécessaire pour souder et faire tenir la Chine ? Et qu’est-ce qui, au contraire, pourrait contribuer à son délitement ? Depuis 2012, l’équipe dirigeante s’est engagée dans la construction d’une nouvelle religion civile, une tâche qui lui paraît indispensable au stade présent de développement du pays. Pareille entreprise révèle à la fois la façon dont le Parti se représente l’ethos chinois et la méfiance que ses expressions contemporaines lui inspirent.
Religion populaire et religion civile
L’histoire religieuse de la Chine dessine une suite d’ajustements entre des cultes communaux aux expressions foisonnantes et une ritualité d’État aux exigences variables. L’Empire a coopté nombre des déités locales tout en introduisant des rituels complémentaires qui soudaient la « communaut&eacu