
Puissance de l’effigie et tentation destructrice
La tentation destructrice de certains monuments publics est désormais liée à une remise en cause du passé, notamment colonial ou esclavagiste. L’exemple de la statue d’Edward Colston à Bristol montre pourtant une pluralité de destins possibles pour les statues contestées.
Claire Barbillon, professeure d’histoire de l’art à l’université de Poitiers, spécialiste de sculpture et actuelle directrice de l’École du Louvre, invite à replacer les atteintes récentes aux statues et monuments dans une histoire longue de la statuaire publique, qui rappelle que les dégradations sont aussi anciennes que la présence de monuments dans l’espace public, et permet à la fois d’ouvrir et de préciser la signification de ces gestes contemporains.
En quoi peut-on distinguer le vandalisme de l’iconoclasme et dans quelle mesure la contestation ostensible des patrimoines de la colonisation et de l’esclavage, au cours des deux dernières années, relève-t-elle de l’un ou de l’autre ?
L’iconoclasme et le vandalisme ont en commun un passage à l’acte consistant en une dégradation qui peut conduire jusqu’à la destruction totale. En cela, ils prennent le chemin rigoureusement inverse de celui de la création. Employés assez souvent comme des synonymes, ces termes manifestent cependant, selon moi, des différences, du point de vue des faits comme du point de vue du sens. Revenons à leur origine. Le vandalisme est un mot dont on attribue généralement l’invention à l’abbé Grégoire, qui en fit usage, dans un rapport adressé à la Convention en 1794 (Rapport sur les destructions opérées par le vandalisme et sur le moyen de le réprimer) pour dénoncer les destructions massives d’œuvres d’art et de monuments pendant les premièr