
Le corps contemporain, une recherche d'identité
Le biologique et le psychologique sont étroitement imbriqués dans les perceptions contemporaines du corps, que l’on « écoute » pour déceler des signaux, des messages qui révèlent une maladie ou un mal-être, et pour les faire disparaître par la danse, le yoga, la gymnastique… Le corps, comme naguère l’âme, semble être devenu le lieu central de l’identité.
La culture du xixe siècle, celle du tout début du xxe siècle, l’insistance sur l’affirmation individuelle, sur la liberté aussi, ont donné à la sensibilité interne une véritable densité. Elles en ont fait un inépuisable objet de curiosité. Elles l’ont aussi suffisamment approfondie pour l’infléchir en thème d’action : une manière de travailler sur soi, s’affranchir, s’éprouver autrement, se découvrir. Nombre de démarches, voire de techniques physiques, ont ici convergé, suggérant un renouvellement du sentiment de soi, son approfondissement, son renforcement. Danses, relaxations, vertiges, étourdissements en sont autant d’exemples ; repères si importants qu’ils ouvrent, plus qu’il n’y paraît, sur la sensibilité d’aujourd’hui. Tout l’indique : la curiosité actuelle et croissante pour un sensible mobilisant l’organique, sa diffusion dans les références et les « activités » les plus variées, de la littérature à la musique, de l’expression corporelle au théâtre, du loisir au travail, des jeux aux thérapies. À quoi s’ajoute l’affirmation systématique, jusqu’à la démesure, selon laquelle « notre corps est nous-même. Il est notre seule réalité saisissable1 ». Tous thèmes repris, approfondis, prolongeant à leur manière la vision fondatrice des Lumières selon laquelle l’individu n’existe qu’à partir de lui-même.
Impossible pourtant d’ignorer l’aiguisement indéfini d’une telle curiosité. Elle s’est accentuée, creusée, systématisée à un point tel qu’elle en est devenue originale, d’autant que son contexte lui-même a changé. La sensibilité contemporaine a ainsi ses sources, ses origines. Elle a aussi ses spécificités. Une triple dynamique en définitive peut l’éclairer. Une accentuation comme jamais de l’attention aux messages sensoriels, tout d’abord. Effet de civilisation, sans doute, psychologisation des comportements, lente individualisation de nos sociétés, celle que d’innombrables travaux de sociologie désignent par le renforcement de quelque centration sur soi : « Le droit d’être absolument soi-même, de jouir au maximum de la vie, inséparable d’une société ayant érigé l’individu libre en valeur cardinale2 », le passage d’un « individualisme limité » à un « individualisme total3 », légitimant quelque scrupuleuse vigilance au « mieux-être » personnel. Les enquêtes du Credoc soulignent, d’année en année, la « prégnance » plus grande « de l’attention à la santé4 », ou l’exigence plus grande sur les « conditions de vie des Français5 ». Un seul exemple : l’autodésignation croissante des souffrances et pathologies. Des prospections, pourtant déjà datées, confirment ce gain progressif de conscience, jusqu’à souligner son accélération récente. Le nombre de maladies déclarées par les personnes interrogées s’est accru par exemple de plus des trois quarts entre 1970 et 1980, comme le montrent deux questionnaires identiques proposés, avec dix ans d’écart, à un échantillon lui-même identique de population : 37 637 maladies déclarées par les enquêtés en 1970, 60 058 en 1980. La progression est marquante. Elle révèle 1, 62 maladie déclarée par personne en 1970 et 2, 28 en 19806. Chiffre sans grand rapport avec les affections réelles, mais symbolisant mieux que d’autres l’aiguisement progressif d’attention : l’intériorité physique comme lieu de mobilisation renforcée.
Une deuxième dynamique tient à l’ascendance du modèle informatique et cybernétique, censé expliquer tout fonctionnement organique : le triomphe de l’« homme neuronal7 », celui d’un organisme conçu de part en part comme un dispositif informationnel. Ce qu’évoque déjà clairement François Jacob en 1970 : « La coordination du système repose sur un réseau de circuits régulateurs par quoi s’intègre l’organisme8. » Son existence entière mobilise les « interactions établies entre ses constituants9 », circulation sans fin de messages et d’informations. Rétroaction, feedback, réponse en boucle, seraient au cœur du dispositif. Contrôles et signaux, équilibres et ajustements, rendraient toujours plus nombreuses, toujours plus diverses, les « indications » issues de la nuit des organes. La chair elle-même serait principe de communication, légitimant dès lors écoute et attention. Cette représentation, autrement dit, d’un organisme comme ensemble totalement régulé appelle une vigilance croissante sur ses propres « avertisseurs » internes.
Une troisième dynamique, enfin, tient au changement du statut du corps lui-même. Les frontières de l’organisme, l’enveloppe physique, la situation incarnée, depuis longtemps principes d’individuation et d’identité, le sont plus que jamais dans des sociétés où s’effacent les « grands messages », les « ailleurs », les attentes de quelque « au-delà ». La conscience corporelle largement déplacée par la chute des transcendances, politiques, morales, religieuses s’est alors insensiblement imposée comme une ultime vérité : mieux s’éprouver, découvrir du caché, accroître sans fin le registre des sensibilités. L’identité se réduit aujourd’hui à l’individu lui-même, sa présence, son corps, ensemble limité et modeste, physiquement circonscrit. D’autant que la conscience elle-même a perdu de sa souveraineté traditionnelle. D’où ce sens possible et totalement inédit des attitudes, des mouvements, des sensations intimes : gestes, tensions physiques, postures diverses, malaises internes, dysfonctionnements obscurs, deviennent autant d’indices pour une psychanalyse sensible aux manifestations infimes et aux expressions anodines, toutes fonctionnant comme un langage indépendant du « je ».
Ce sont ces trois dynamiques qui ont accentué fortement, durant ces dernières décennies, le travail « intérieur » commencé avec les Lumières, donnant une valeur psychologique aux sens internes, tout en donnant une valeur plus corporelle au sentiment de soi.
L’organique
Il faut d’abord revenir aux représentations de l’organique. Le constat de l’« adaptation » des réponses corporelles aux situations les plus variées est un constat ancien. Les exemples se multiplient dès la seconde moitié du xixe siècle. L’organisme réagit aux informations « internes » en s’ajustant : la posture maintient sa verticalité malgré ses « perturbations » possibles, la chaleur intérieure maintient sa température malgré les changements extérieurs possibles, alors que s’accommodent les rythmes physiologiques, accélérés en cas d’effort, réduits en cas de repos, infléchis avec les situations ou les lieux. L’organisme rectifie ses taux, se « corrige », suggérant la présence de « signaux » internes favorisant l’adéquation. Claude Bernard, le premier dans les années 1860, a évoqué avec le plus de clarté ce « mécanisme complexe qui entretient autour des particules vivantes, fibres et cellules, un milieu en réalité invariable10 ». L’existence d’une « régulation » s’est imposée : flexibilité particulière supposant, comme pour le réflexe, une réaction physique à un signal déclencheur.
Un tel dispositif se généralise, se rationalise, s’approfondissant comme jamais avec la vision contemporaine. L’intérieur « fourmille » de signaux. Les échanges se renforcent, les interrelations se systématisent, le codage fait loi, gagnant la totalité des mécanismes physiologiques, des plus infimes aux plus globaux, des plus périphériques aux plus centraux, installés enfin en modèle, définis par des mots nouveaux, confirmés par mille exemples divers ou inattendus. Le terme d’« homéostasie », inventé au milieu du xxe siècle, se banalise, désignant le maintien constant de l’ensemble des paramètres physico-chimiques, au point de définir quelque « sagesse du corps11 ». Le terme de « cybernétique », également, se banalise, inventé lui aussi au milieu du xxe siècle, appliqué à l’organisme pour mieux suggérer l’ensemble de ses guidages internes12. Des formules s’imposent, aiguisant le thème de « messages » venus du dedans : « Notre corps est en permanence informé13… » ou « La souplesse du comportement repose sur des boucles de rétroaction14 », ou le corps est « une machine informationnelle organisée15 ». Une image, aussi, s’impose : celle d’un organisme transformant chacun de ses points en capteur de signal. La stimulation fait place à la communication, le contact fait place à la transmission : « Toute sensation ou toute variation physiologique est détectée par des récepteurs sensibles répartis dans tout le corps16. » Le langage des machines de notre temps est devenu celui des organismes de notre temps, « recueillant, traitant, mémorisant, distribuant, engendrant de l’information17 ». La comparaison, pourtant prudente, d’Alain Berthoz semble faire consensus : « La métaphore du cerveau ordinateur est un guide utile à la pensée18. »
D’où l’inépuisable prise en compte d’« agents » toujours plus nombreux susceptibles d’accroître et de préciser les « messages » : « plus de cinquante neurotransmetteurs identifiés, [constitués], pour la plupart, de petites molécules dont l’action est rapide19 ». Ou « les six super-neurotransmetteurs de votre cerveau20 ». Ou les dizaines de gènes censés régler la seule satiété alimentaire.
L’étendue et la variété des exemples ont du sens. Elles familiarisent avec l’image d’un corps intrinsèquement « émetteur », porteur d’informations généralisées, signes, balises, appels en nombre infini. Une telle représentation oriente vers l’image d’un « langage intérieur », un « idiome » particulier, diffusé en continu, saturant la totalité d’une physique intime. Une telle profondeur est centrale pour les neurobiologistes d’aujourd’hui, associant les informations venues du corps aux manières mêmes de penser : « Si vous interrompiez les signaux du corps proprement dit à destination du cerveau, votre fonctionnement mental changerait21. » Le corps sensible, les informations venues du dedans n’influeraient pas seulement les manières de s’éprouver, elles influeraient encore les manières de concevoir le monde, celles de l’évaluer, de l’apprécier. Conclusion lointaine, « savante », d’un débat amorcé avec les Lumières et la vision toute sensorielle du « sentiment de l’existence ». Conclusion favorisant, enfin, l’écoute et l’attention portées aux messages organiques.
Le trauma
L’importance attribuée à une emprise aussi massive de signaux internes oriente plus encore la manière d’envisager aujourd’hui leurs effets sur le sentiment de soi, leurs désordres, leurs manquements possibles, l’enjeu des défaillances et des heurts. Le thème du trauma le montre avec ses altérations, ses équilibres rompus, ses confusions nerveuses troublant les flux et atteignant le cœur du comportement. C’est autour d’indices quasi organiques, mais masqués, déplacés, sinon refoulés, que se disent ici les malheurs personnels. Ce qui prolonge au plus loin la préoccupation sur cette présence physique censée circonscrire le soi.
Le trouble s’exprimerait ainsi par « son inscription corporelle22 » : crispations, malaises, tensions, « déroutes des sens23 ». Il symboliserait un principe devenu évidence pour la vulgate psychologique d’aujourd’hui : atteinte « frappant » le sujet dans sa globalité. Le thème s’affirme avec la sensibilité aux catastrophes : les accidents de chemin de fer, en particulier, à la fin du xixe siècle, suggérant, les premiers, l’existence de tels égarements, et leur « ébranlement » total. John Eric Erichsen en a fait le railway spine en 186724. L’impact est « psycho-physique » : « commotions nerveuses souvent intenses25 » ou « attaques convulsives, contractures, paralysies26 ». Les guerres du xxe siècle, la terreur des bombardements, l’horreur des combats ont ajouté à la symptomatologie : « angoisse de guerre », « choc nerveux traumatique », « névrose des tranchées », dit, en 1916, le Larousse médical de guerre illustré, shell-shock disent les Anglais, « sidérations » diverses, dont une des plus visibles serait une intense crispation des mâchoires, le « trismus d’ordre traumatique27 », rendant la victime quasiment incapable de parler. Les exemples de ces « contractures » toujours plus nombreuses survenues à la suite de blessures ou d’extrêmes frayeurs atteignent « le tissu cellulaire, musculaire ou osseux28 ». Autant de troubles suggérant une interprétation précise : faire de ces constrictions ou « figements29 » physiques l’exemple d’une rupture de cohérence entre soi et soi, une « dissociation30 » dans la continuité d’être, une « déconnexion d’avec son propre corps31 ». Le trauma « enfermerait » le corps en « paralysant » la personne. La vision du « choc » traverse alors les interprétations du xxe siècle. Robert Antelme l’évoque avec des mots tragiques au retour des camps :
Nous revenions juste, nous ramenions avec nous notre mémoire, notre expérience toute vivante et nous éprouvions un désir frénétique de la dire telle quelle. Et dès les premiers jours cependant, il nous paraissait impossible de combler la distance que nous découvrions entre le langage dont nous disposions et cette expérience que, pour la plupart, nous étions encore en train de poursuivre dans notre corps32.
Souffrance tapie au fond des organes, horreur devenue mémoire, même si celle-ci est dénuée de mots. Freud en a fait un des points centraux de son œuvre, tout en privilégiant l’élaboration psychique et fantasmatique, et dès lors la prise de conscience par le langage et la mémorisation33. L’élucidation, dans ce cas, passe ici par la parole, lente construction d’« images » et de mots. La vulgate psychologique de notre temps en revanche a insensiblement simplifié le thème, le réduisant à quelque « fixation » ou « blocage » nerveux, inhibitions qu’il resterait, ni plus ni moins, à « dénouer » quasi physiquement. Elle a imposé également son extension aux incidents les plus variés de la vie : témoignages répétés multipliant les faits jugés « traumatisants », au point de banaliser le mot. Le trauma serait « à la “une” de l’actualité34 ». Mille exemples l’illustreraient jusqu’aux plus dérisoires. Les publicités vantent les « 7 films traumatisants à voir à Noël35 ». Les participants des reality show estiment « traumatisant le fait de voir [leur] vraie vie à la télévision36 ». Certains téléspectateurs disent ne pas apprécier les « 5 petits moments bien traumatisants chez Disney37 ». Alors que tel responsable sportif, se voulant rassurant, affirme « le cyclotourisme non traumatisant (hors chute). L’important est d’avoir envie d’enfourcher son vélo38 ». Le spectre du trouble s’étend comme jamais : du dérisoire au poignant, du désordre bénin à celui de la plus insoutenable gravité, porté par d’autres notions encore, qui en varient et en approfondissent le sens. Celle de « stress » par exemple, suggérée au milieu du xxe siècle, tout aussi banalisée, censée créer, face à une agression physique ou psychologique, « une inflammation comme réaction active de défense39 ». Version plus soft du trauma, le thème confirmerait la « conception unitaire40 » de la biologie et de la psychologie, diffusant ses symptômes multiformes à tous les échelons du social.
Plus profondément, dans ces malaises devenus rampants, la localisation corporelle traduirait la plus large diversité : des tensions abdominales aux tensions cardiaques, des maux de tête aux maux de dos, des insomnies à l’anxiété. Mieux, une telle localisation multiplierait les correspondances : la peau révélerait « nos états d’âme41 », les « douleurs ou raideurs du corps » révéleraient « nos secrets42 », le « surpoids » révélerait « notre stress43 », les « ballonnements44 » révéleraient notre « vie pressée », alors que nos conflits intimes viendraient « durablement s’inscrire dans nos tissus en empoisonnant notre vie45 ». L’univers des « messages intérieurs », celui de l’inscription charnelle du soi, serait évidence. La conviction d’une unité « organique définissant notre globalité46 » l’a emporté. Une formule s’est imposée : « Le corps se souvient47. » Il suffirait qu’il « parle ». Ce qui permettrait « d’approcher au plus près de l’histoire de la personne et du langage du vivant48 ». La guérison devient du coup « libération », celle d’un « soi faisant peau neuve, vivant, vibrant, émergeant, déposant jour après jour des boucliers devenus inutiles49 ». Ce qui installe en acte thérapeutique la lutte contre toute tension :
Déplacez-vous de votre corps à la sensation de flottement durant quelques minutes afin d’être conscient de la façon dont la dissociation est ressentie50.
Ce qui installe aussi en recensement obligé le relevé de la plus infime des sensibilités :
Notez des vibrations, une crispation involontaire de l’intensité des mouvements, au niveau de votre attitude corporelle, au niveau des yeux, au niveau de votre nuque, au niveau de votre vision et de votre ouïe, au niveau de vos muscles, au niveau de votre abdomen, au niveau de vos jambes51…
Méditer « fait baisser la tension52 », ajoute Psychologies magazine en s’adressant aux hypertendus. Conclusion toujours plus fortement partagée aujourd’hui : la prise de conscience centrée sur le corps aiderait à « dénouer » le soi.
Le ludique
Cette vision d’un corps croisant la psychologie, jouant avec les tensions pour mieux les effacer, s’est banalisée. Nombre de jeux s’en inspirent, sur le versant inverse du trauma. L’exercice traditionnel change ici d’objet, ne visant plus seulement la santé ou l’énergie, mais bien un effet « intérieur », un enjeu de cohérence avec soi. Les pratiques à cet égard se sont multipliées, prétendant affronter « les inhibitions, les blocages, les mutilations, la peur53 » pour faire du corps le « seul lieu d’aventure54 ». Il « y a des choses au dedans qu’on sent55 », affirment régulièrement les participants de tels exercices, pour en faire un objectif central. La première phase du dispositif serait immanquablement « l’éveil de la conscience profonde du corps56 », la seconde celle d’une libération du « corps et de ses complexes57 ». Dès les années 1970, ces « techniques » se côtoient, s’ajoutent, s’affrontent, rivalisent entre elles : sensory awareness, « énergie beauté », « yoga », « ashtanga », « danse intérieure », « danse thérapie », « méthode Feldenkrais », « méthode Mézière » « gymnastique douce », « gymnastique de la bonne glisse », « gym tonic »… Leur platitude théorique facilite, on l’aura compris, une séduction à l’extrême variété, projetant même une permanente innovation. Problème d’offre et de marché sans doute, mais aussi attente de procédés prétendant « explorer » toujours plus, promettant de révéler des zones encore ignorées, ou de mettre en jeu des sensations jusque-là inédites. Jamais peut-être, le corps n’a semblé si fortement se donner en révélateur de conscience. Jamais peut-être, une écoute attentive n’a prétendu si fortement en sonder les « langages », les « signes », les « réactions ». Démarche « sensible » profilée en total éclairage de soi58.
L’ensemble des pratiques ludiques est d’ailleurs directement atteint par de telles visées. Les sportifs ne vivent plus seulement leurs compétitions comme des moments d’investissements techniques ou comportementaux, ils les vivent comme des moments d’investissements intérieurement éprouvés. Ils ne commentent plus seulement leurs réussites ou leurs échecs comme des effets de geste ou d’énergie, mais comme des effets d’« imprégnation » corporelle : celle d’une adhésion d’abord sensible à la pratique attendue. Jouer serait se sentir « traversé ». S’exercer serait s’avouer « habité ». Jérémy Ménez, le footballeur parisien, retrouvant son équipe après une blessure en août 2013, ne dit pas avoir renoué avec son adresse ou son aisance techniques, mais bien avec son univers sensoriel : « J’ai de bonnes sensations, et cela fait du bien de retrouver le groupe59. » Yoann Bagot, le coureur cycliste de l’équipe Cofidis, affrontant, après des difficultés de santé, une grande course en mars 2013, ne dit pas avoir retrouvé son souffle, ses résistances, ses capacités organiques, mais bien, ici encore, son univers sensoriel : « Pour une reprise, c’est encourageant… J’ai retrouvé mes sensations60. » Jusqu’au torero Juan Bautista qui se défend de quelques « faiblesses » durant la saison 2013 en évoquant également son univers sensoriel : « Paradoxalement, mes sensations sont très positives alors que j’ai perdu quelques trophées à l’épée61. » C’est enfin ce qu’attendent les pratiquants des arts martiaux, attentifs aux « messages » se propageant « dans le corps comme les ondes dans un liquide62 ».
Une démarche très particulière s’est d’ailleurs fortement développée, confirmant plus que jamais ce travail d’intériorité : l’« entraînement mental », la tentative de vivre en images, et en « ressenti », la pratique attendue. Avec elle, l’enjeu exclusif donné à la représentation motrice aurait ses effets : « S’améliorer dans son canapé grâce à l’imagerie mentale63. » L’appel de pensée rejoint l’appel des sens, transformant l’exploration intérieure en règle obligée : « Être centré dans son corps signifie l’habiter en permanence, le sentir, le relâcher, comprendre les informations qu’il nous donne à chaque instant. Le centrage précède et accompagne l’action64. » Cet exercice de figuration active joue avec une nouvelle et insistante certitude sensorielle. Il est censé provoquer, au sein même de quelque imperturbable immobilité, une totale fusion entre la décision, le vouloir, l’« éprouvé ». Priorité aux sens. Le but : « une harmonie essentielle65 ». Ce que d’innombrables témoignages tendent à répéter. Celui du surfeur des vagues par exemple et ses ambitions harmoniques :
Je change avec l’imagerie interne : je sens la vague, je fais corps avec elle – je sens mes appuis sur la planche – je sens la glisse et l’énergie de la vague – je vois les sections qui s’ouvrent devant moi et je ressens d’instinct la manœuvre à effectuer – je ressens mes muscles qui s’activent puis se relâchent pendant la manœuvre – je ressens mon maintien d’équilibre défiant la gravité et jouant avec la vague – je sens que ma manœuvre a parfaitement anticipé le déferlement de la vague – je ressens une excitation agréable – j’ai un sentiment de puissance et de confiance66.
Le sensible y est l’objet dominant, chargé d’accentuer jusqu’à la fusion l’intensité psychophysique. Aucune surprise alors si la plupart des pratiques de jeux, inventées depuis un demi-siècle, promeuvent exclusivement l’information et la commande sensorielles. La « glisse », avec ses dérivés, du ski au skate, du board au quad, du kite à l’aile delta, du parapente à la planche à voile, en offre autant d’exemples. La pratique, malgré ses diversités, se resserre sur un objectif précis : piloter le corps de l’« intérieur », l’aider à répondre aux modifications du milieu, compenser tout déplacement de force ou d’équilibre par une adaptation calculée, faire de l’air, de l’eau, du sol, du vent, autant de substances inclinant aux ajustements musculaires et nerveux. Le plaisir tient à de telles réponses : ressentir et dominer des flux, moduler l’univers sensible en l’avivant. Non plus les machines ludiques du début du xxe siècle, les manèges, les grandes roues, les trottoirs roulants, celles transportant un corps passif pour enrichir ce qu’il éprouve, mais les machines toutes actuelles, celles des pilotages, des dérapages, des envols, celles des planches, des ailes, des matières fibreuses, sollicitant un corps actif pour mieux croiser la commande et le ressenti, le décisionnel et le sensoriel. Le gain pour le sujet est de mieux gérer ce qu’il éprouve, tout en le dominant. Ce qui ne saurait exclure nombre de certitudes subjectives, jusqu’à la grandiloquence, voire la « mythologie » intime : « La surf célébration confidentielle introduit une forme de dialogue entre son intériorité et l’équilibre du monde67. »
Le travail
Le travail ne peut manquer, à l’identique, de « solliciter » aujourd’hui l’intériorité, et le susciter, même, de manière totalement inédite. Rien de plus traditionnel d’abord. La tâche suggère investissements et répercussions, sensations et réactions. Ce qui provoque les plus classiques commentaires : fatigues, souffrances, accidents. Les hygiénistes de la fin du xixe siècle, savent déjà mêler avec précision les observations objectives et subjectives, les constats « externes » et « internes » :
Une sensation douloureuse que tout le monde connaît force (l’ouvrier) à suspendre le travail bien avant que la puissance contractile de ses muscles soit épuisée. On en a la preuve dans l’expérience qui consiste à tenir le bras tendu horizontalement68.
La lassitude, dans ce cas, possède ses signes circonscrits, ses impressions intimes, son objet : la douleur, ses formes, ses seuils. Ce qui « se traduit par des symptômes locaux (endolorissement des muscles) et des phénomènes généraux (affaiblissement de la vitalité69) ».
Tout change pourtant avec les transformations récentes du travail, comme tout change avec les exigences nouvelles d’écoute et d’attention. L’univers des tâches bascule vers le milieu du xxe siècle : « De nos jours, les travaux industriels sont, pour la plupart, légers et demandent peu d’effort physique du travailleur70. » Le phénomène s’accroît, dans les toutes dernières décennies, avec la présence grandissante des écrans, l’ascendance du gestuel de contrôle sur le gestuel d’effort71, l’orientation insensible vers une « démanualisation72 ». Le renouvellement se fait même mutation : « L’automatisation appuyée sur l’informatique et les commandes numériques […] l’emporte dans les années 198073. » La saisie de l’information triomphe sur l’engagement du corps, la commande quasi mentale sur la motricité. Une « abstractisation74 » s’est imposée, selon l’expression de Thierry Pillon et François Vatin dans leur récent Traité de sociologie du travail. Les mots eux-mêmes ont basculé : les termes de « mouvement », « geste », « énergie », « coordination motrice » disparaissent du vocabulaire de l’ergonomie75, alors que se développent ceux de « cognition », « chronobiologie », « code », « signal », « communication », « interface homme ordinateur76 ».
Autant dire que cette « abstractisation » rend toujours plus souterrains les seuils de fatigue et leurs manifestations, complexifiant la tâche plus qu’il n’y paraît. Stress, nervosité, irritabilité ont pris la place des vieux repères de la physiologie, voire de la psychophysiologie. Il faut souligner d’ailleurs combien l’ensemble des seuils et des « quantités » envisagées se sont métamorphosés. La charge d’abord, n’est plus directement physique mais mentale. La difficulté de la tâche s’exprime en quantité d’informations à traiter : « Le cerveau humain ne peut effectuer qu’une quantité très limitée de choix conscients par minute qui est de l’ordre de 60 à 8077. » Les problèmes posés sont toujours moins physiologiques et toujours plus psychologiques. Les effets pourtant ne peuvent manquer d’atteindre l’univers sensible, la manière physique de s’éprouver. Alors même que devient bien plus complexe leur simple désignation, largement éloignée ici de tout « étalon reconnu78 ». La fatigue change ainsi de registre, plus obscure, plus enfouie, plus difficile à saisir, tout en essaimant dans les membres et le corps : « Vous ne pouvez pas sentir quelque chose qui ne vous passe pas par le corps… C’est la plus grande souffrance humaine79. » Non plus la douleur, mais la déficience, non plus la défaillance musculaire mais la perception diffuse de quelque faiblesse, le mélange d’un mal-être physique associé à une contrainte psychologique. Ce qui oriente les questions des soignants : « Vous êtes épuisé ? Vous souffrez de maux de tête ou de troubles digestifs ? Vous avez des gestes maladroits et vous vous sentez faible, démotivé80 ? » Ce qui oriente tout autant l’écoute des patients : « Mal au dos, mal de tête, maux d’estomac, vertiges, courbatures, énervement, surtout en fin de journée81 », dit une ouvrière de 23 ans répondant à une vaste enquête de 1983.
Le corps devient ainsi un versant continu de la perception du travail, présence obligée, toujours interrogée, toujours sombre, opaque, et dès lors toujours plus questionnée : « On se dit fatigué parce qu’on ne sait rien dire d’autre de ce délitement intérieur qu’on n’arrive ni à comprendre ni à juguler82. » D’où cet « inévitable sentiment de dépossession de soi83 », centré une fois encore sur le corps, celui d’un « piège » physique résistant aux formulations maîtrisées : perte de cohérence intérieure, tension fuyante, irrésolue. D’où encore les techniques d’écoute censées améliorer la perception interne et son contrôle : les pratiques « d’anti-fatigue » fondées sur « la relaxation, le massage, le yoga84 », les « vingt techniques de respiration pour évacuer stress, fatigue et anxiété85 », « les bienfaits immédiats de 50 gestes anti-fatigue86 » ou « l’écoute bien-être anti-fatigue87 ». Ou, mieux, l’exercice d’une suspension totale de réaction, physique comme psychologique, pour accroître une prise de conscience dite « approfondie ». Travail « interne » ici encore, appelé mindfulness depuis les années 1980, impliquant directement le corps et ses « messages », objet d’une mode subite, conquérante, proliférante, au point d’avoir engendré mille cent douze publications entre 2005 et 201088. L’enjeu : une extrême centration sur l’instant, l’enregistrement attentif et « détendu » de toutes les sensations possibles assaillant le sujet. Sa définition, étonnamment développée, demeure, autant le dire, faite prioritairement de suggestion et d’évocation :
L’un des effets majeurs de la mindfulness est certainement caractérisé par une nouvelle capacité à suspendre le jugement et à s’abstenir de réagir grâce à une conscience affinée des pensées, des sentiments, des sensations corporelles et du contexte réel, moment après moment89.
C’est bien un nouveau type d’atteinte comme un nouveau type d’écoute que suggère aujourd’hui le monde du travail, prolongeant sans faille la sensibilité corporelle comme l’actuel « sentiment de soi ».
L’écoute
Restent encore les témoignages littéraires. Tous suggèrent un corps présent comme jamais : détails intimes, impressions oubliées, sensations cachées, évocations jugées longtemps transgressives ou méprisées, autant de matériaux agrémentant systématiquement aujourd’hui d’interminables « aveux », anecdotes ou récits. Les scènes se multiplient, du trivial au distingué, de la violence au désir, de l’impuissance au plaisir, de la connivence au tabou. La jouissance longuement évoquée de la masturbation, dans le Journal d’un corps de Daniel Pennac, en est un exemple parmi mille autres, « moment » indéfiniment prolongé, décrit jusqu’à l’extrême méticulosité :
Ce qu’il y a d’extraordinaire quand je me fais jouir, c’est cet instant que j’appelle le passage de l’équilibriste : la seconde où, juste avant de jouir, je n’ai pas encore joui. Le sperme est là, prêt à jaillir, mais je le retiens de toutes mes forces. L’anneau de mon gland est si rouge, mon gland lui-même est tellement gonflé, tellement prêt à éclater que je lâche mon sexe. Je retiens mon sperme de toutes mes forces en regardant mon sexe vibré. Je serre si fort mes poings, mes paupières, mes mâchoires que mon corps vibre autant que lui. C’est ce moment que j’appelle le passage de l’équilibriste. Mes yeux chavirent derrière mes paupières, je respire à petits coups, je chasse toutes les images excitantes – les seins, les fesses, les cuisses, la peau soyeuse de nos amies – et le sperme s’arrête dans cette colonne en fusion, là, juste au bout du cratère… Je peux retenir l’éruption une fois, deux fois, et c’est un vrai délice. Mais le délice absolu c’est cet instant où, finalement, je perds pour de bon, où le sperme submerge tout et coule tout brûlant sur le dos de ma main. Ah la merveilleuse défaite ! Ça aussi c’est difficile à décrire90…
Défi de description sans aucun doute, comme cette évocation, voulue « toute naturelle », des déchets quotidiens : « Ce soir merde lourde et collante, deux chasses d’eau ne suffisent pas à décoller les chiures91 » ; ou les gestes de grattage et « le délice de trouver, au millimètre près, le point exact de la démangeaison92 ». Les exemples se répètent, tous censés reculer les frontières de l’intime, jusqu’à cette étonnante restitution d’un corps totalement paralysé, éprouvé de l’intérieur, par Jean-Dominique Bauby, ancien journaliste privé de toute possibilité de mouvement après un accident vasculaire cérébral. Son témoignage, lentement élaboré, laborieusement restitué, s’est construit à partir du seul « geste » demeuré réalisable pour lui, un clignement d’œil effectué au son de la lettre choisie pour composer les mots. Le récit demeure unique, avec ces sensations d’un corps privé de toute dynamique, cette existence rendue d’autant plus « impossible » qu’elle est entièrement « emmurée » : « J’ai mal au talon, la tête comme une enclume et une sorte de scaphandre qui m’enserre tout le corps93 », ou encore : « Je serais le plus heureux des hommes si j’arrivais à déglutir convenablement l’excès de salive qui envahit ma bouche en permanence94 », ou, enfin, l’impuissance à articuler les sons : « J’ai entendu les 26 lettres arrachées au néant par une voix rauque venue du fond des âges95. » Peu importe à vrai dire la diversité des exemples, l’important est leur « système » : cette attention accordant à l’intériorité physique une importance devenue psychologique, enjeu censé toucher à l’existence de ce qui semble le plus personnel.
C’est sans doute aussi la manière « théorique », ou même philosophique, d’aborder le corps qui s’est clairement spécifiée durant ces dernières décennies. La leçon de Maine de Biran, celle d’une pensée dont serait incontournable le fondement corporel, n’est en rien oubliée. L’affirmation de Merleau-Ponty est à cet égard plus décisive que ne le suggérerait sa fausse simplicité : « La réalité de l’âme est fondée sur la matière corporelle et non pas celle-ci sur l’âme96. » La réflexion « pure » comme le langage « pur » seraient autant de « fantômes97 », le corps étant un « déjà là » à partir duquel s’orientent perceptions et pensées. D’où cette description centrale, celle d’un univers perceptif tirant préalablement son sens d’un corps entièrement « ressenti » :
Une femme qui passe n’est pas d’abord pour moi un contour corporel, un mannequin colorié, un spectacle, c’est « une expression individuelle, sentimentale, sexuelle », c’est une certaine manière d’être chair donnée tout entière dans la démarche ou même dans le seul choc du talon sur le sol, comme la tension de l’arc est présente dans chaque fibre du bois – une variation très remarquable de la norme du marcher, du regarder, du toucher, du parler que je possède par-devers moi parce que je suis corps98.
Ce préalable d’un « vivre incarné99 » oriente encore les raisonnements sur les effets des pratiques, les informations venues du « faire », cette manière, pour la parole et sa matérialité par exemple, de quasi précéder la pensée en la précisant :
Exprimer pour un sujet parlant, c’est prendre conscience ; il n’exprime pas seulement pour les autres, il exprime pour savoir lui-même ce qu’il vise100.
Ce qui renforce l’intérêt pour un corps jugé porteur d’une information propre, dépassant quelquefois l’intention, tout en demeurant un « je101 ».
S’ajoutent enfin les prolongements d’un basculement décisif, ce « revirement profond », marquant si fortement la fin du xixe siècle qu’il en vient à « modifier les points de vue traditionnels de la psychologie102 ». Celle-ci, en particulier, ne prend plus « son point de départ et son type d’explication dans la conscience103 ». Ce savoir embrasse désormais « la longue série de réactions dont (cette même conscience) n’est qu’un point d’aboutissement104 ». La personne ne se définit plus par sa seule volonté. D’où cette conclusion souvent hâtive, mais aux yeux de beaucoup « convaincante », selon laquelle c’est dans certaines « choses » du corps, dans certaines de ses traces ou de ses souvenirs qu’une des vérités du sujet peut résider. Mobiliser ce corps tendrait à mobiliser des zones obscures et profondes de soi. Le travail sur l’intime et le corps se ferait pratique de masse, aventure disponible, entreprise d’autant plus saisissable que ses données sont pensées en objets tangibles et concrets.
Pratiques « faciles » sans doute, pour ces dernières décennies : la plupart d’entre elles ne donnent-elles pas le sentiment d’un corps devenu aussi disponible que transparent ? L’enjeu est ailleurs pourtant. Il tient au travail qui a déplacé le statut du corps. Celui qui en a fait un objet non plus « autre », mais « complice » : lente émergence d’une identité physique jugée d’autant plus « profonde » qu’elle traduirait le moi. Histoire lente, il faut le redire, dont témoigne l’invention d’un espace intérieur avec ses mots savants, sa culture particulière, ses « anfractuosités » développées dans les rêves, les fictions, les pratiques « physiques » insensiblement diffusées. L’enjeu tient surtout à la certitude qu’en s’affirmant lui-même le sujet ne peut échapper à une nécessité : celle de faire du corps sa limite comme son support. Limite et support si marquants en revanche que ce « dedans » semble aujourd’hui exploré comme l’âme l’était autrefois : lieu central, ou du moins incontournable, de l’identité.
- *.
Directeur d’études à l’Ehess, spécialiste du corps, il a récemment publié le Sentiment de soi. Histoire de la perception du corps (Paris, Le Seuil, 2014).
- 1.
Thérèse Bertherat et Carol Bernstein, Le corps a ses raisons. Auto-guérison et anti-gymnastique, Paris, Le Seuil, 1976, p. 12.
- 2.
Gilles Lipovetsky, l’Ère du vide. Essais sur l’individualisme contemporain, Paris, Gallimard, 1983, p. 10.
- 3.
G. Lipovetsky, l’Ère du vide, op. cit., p. 15.
- 4.
C. Gaigner et P. Hebel, « La santé de plus en plus prégnante dans l’alimentation des Français », dans Credoc, Consommations et modes de vie, n° 186, septembre 2005.
- 5.
Credoc, « Enquête sur les conditions de vie et les aspirations des Français », 2014.
- 6.
Credoc, « Enquête sur les conditions de vie et les aspirations des Français », Santé et institutions médicales : attitudes et opinions, vol. 7, 1978-1991, novembre 1983.
- 7.
Jean-Pierre Changeux, l’Homme neuronal, Paris, Fayard, 1983, voir la définition de l’organisme comme « système de régulation fonctionnant comme un tout », p. 211.
- 8.
François Jacob, la Logique du vivant. Une histoire de l’hérédité, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des sciences humaines », 1970, p. 278.
- 9.
Ibid., p. 268.
- 10.
Claude Bernard, Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux [1867], Paris, Vrin, 1966, p. 37.
- 11.
Voir Walter B. Cannon, la Sagesse du corps, Paris, Éditions de la Nouvelle Revue critique, 1946.
- 12.
Voir Nathanaël Wabled, « L’homme est un animal cybernétique. Haraway et Wiener, critiques de la technocratie » [en ligne], Droit de Cités (Droitdecites.org), 15 décembre 2009.
- 13.
David L. Costill et Jack H. Wilmore, Physiologie du sport et de l’exercice physique, Bruxelles, De Boech Université, 1998, p. 158.
- 14.
F. Jacob, la Logique du vivant, op. cit., p. 274.
- 15.
Jacques Paillard, Itinéraire pour une psychophysiologie de l’action, Joinville, Actio, 1986, p. 102.
- 16.
D. L. Costill et J. H. Wilmore, Physiologie du sport et de l’exercice physique, op. cit., p. 71.
- 17.
J. Paillard, Itinéraire pour une psychophysiologie de l’action, op. cit., p. 103.
- 18.
Alain Berthoz, le Sens du mouvement [1997], Paris, Odile Jacob, 2008, p. 285.
- 19.
D. L. Costill et J. H. Wilmore, Physiologie du sport et de l’exercice physique, op. cit., p. 62.
- 20.
Voir http://www.lanutrition.fr
- 21.
Antonio R. Damasio, l’Erreur de Descartes [1994], Paris, Odile Jacob, 2001, p. 307.
- 22.
Guy Tonella, « Le trauma et son inscription corporelle » (http://www.libertas.com.br/libertas/trauma-et-resilience-le-corps-convoque-parte-2-de-2/).
- 23.
Anne-Martine Parent, « Trauma, témoignage et récit, la déroute des sens », Protée, vol. 34, n° 2-3, automne-hiver 2006, p. 113.
- 24.
John Eric Erichsen, On Railway and Other Injuries of the Nervous System, Philadelphia, 1867.
- 25.
Alexandre Lacassagne et Étienne Martin, Précis de médecine légale [1906], Paris, Masson, 1921, p. 401.
- 26.
Victor Balthazard, Précis de médecine légale [1906], Paris, Masson, 1935, p. 306.
- 27.
Voir « Mâchoire », Larousse médical de guerre illustré, Paris, Larousse, 1916.
- 28.
« Contractures », ibid.
- 29.
Voir Lorenzo Perucchi, « Le traumatisme » (http://www.lorenzoperucchi.ch/download/Le-traumatisme.pdf) : « Lorsqu’ils sont confrontés à une menace qui ne peut être ni affrontée ni évitée, l’homme et tout animal utilisent la réponse du figement. »
- 30.
Peter A. Levine, Réveiller le tigre. Guérir le traumatisme [1997], préface de Boris Cyrulnik, Paris, Socrate Éditions Promarex, 2004, p. 147.
- 31.
Ibid., p. 148.
- 32.
Robert Antelme, l’Espèce humaine [1949], Paris, Gallimard, 1957, p. 9.
- 33.
Voir Didier Fassin et Richard Rechtman, l’Empire du traumatisme. Enquête sur la condition de victime, Paris, Flammarion, 2007, p. 53 et suiv.
- 34.
Sabina Loriga, « La question du trauma dans l’interprétation du passé » (http://usagespublicsdupasse.ehess.fr/index.php?id=210).
- 35.
Voir braindamaged.fr, 23 décembre 2013.
- 36.
Voir www.fan2.fr/
- 37.
Voir www.madmoizelle.com, 29 octobre 2012.
- 38.
Voir www.lechorepublicain.fr, 17 novembre 2013.
- 39.
Hans Selye, le Stress de la vie. Le problème de l’adaptation [1956], Paris, Gallimard, 1975, p. 143.
- 40.
Ibid., p. 302.
- 41.
Danièle Pomey-Rey, la Peau et ses états d’âme, Paris, Hachette, 1999.
- 42.
Rosalie Evelyn, À corps parfait. Tensions, douleurs raideurs, notre corps révèle nos secrets, Paris, Robert Laffont, 2003.
- 43.
Votre beauté, juin 2003.
- 44.
Santé magazine, mars 2014.
- 45.
Top santé, mars 2003.
- 46.
P. A. Levine, Réveiller le tigre, op. cit., p. 33.
- 47.
Arthur Janov, Le corps se souvient. Guérir en revivant sa souffrance [1996], Paris, Éditions du Rocher, 1997.
- 48.
Gérard Guasch, Quand le corps parle. Pour une autre psychanalyse [1998], Vannes, Éditions Sully, 2002, p. 80.
- 49.
G. Tonella, « Le trauma et son inscription corporelle », art. cité.
- 50.
P. A. Levine, Réveiller le tigre, op. cit., p. 149.
- 51.
Ibid., p. 141-142.
- 52.
Christine Baudry, « Méditer fait baisser la tension », Psychologies magazine, n°338, mars 2014.
- 53.
André Bercoff, Vivre plus, Paris, Robert Laffont, 1981, p. 36.
- 54.
Ibid., p. 67.
- 55.
Jocelyne Vaysse, la Danse-thérapie. Histoire, technique, théorie, Paris, Desclée de Brouwer, 1997, p. 124.
- 56.
Marie-José Houareau, Toutes les gymnastiques douces, Paris, Retz, 1978, p. 18.
- 57.
Vital, janvier 1982, p. 25.
- 58.
Voir aussi l’analyse qu’en fait Claude Pujade-Renaud, dès les années 1970, dans Danse et narcissisme en éducation, Paris, Esf, 1976.
- 59.
Voir PSG.fr, interview du 28 août 2013.
- 60.
Voir laprovence.com, 24 mars 2013.
- 61.
Corridafrance.fr, 1er juin 2013.
- 62.
Kenji Tokitsu, Méthodes des arts martiaux à mains nues, Paris, Robert Laffont, 1987, p. 30.
- 63.
Olivier Garcia, Surf aptitude. Guide de préparation mentale, Biarritz, Atlantica, 2011, p. 47.
- 64.
Patrick Balmain, la Glisse intérieure, Gap, Le Souffle d’or, 2000, p. 65.
- 65.
John Syer et Christopher Connolly, le Mental pour gagner. La préparation psychique du sportif [1984], Paris, Robert Laffont, 1988. Voir la quatrième de couverture et le titre américain : The Sporting Bodymind.
- 66.
O. Garcia, Surf aptitude, op. cit., p. 49.
- 67.
Lodewijk Allaert, l’Instinct de la glisse. Petit hymne au surf, aux vagues et à la liberté, Paris, Transoboréal, 2011.
- 68.
Jules Rochard, Traité d’hygiène publique et privée, Paris, Doin, 1897, p. 831.
- 69.
Jules Arnould, Nouveaux éléments d’hygiène [1881], Paris, 1895, p. 660.
- 70.
Ralph M. Barnes, Étude des mouvements et des temps [1937], Paris, Les Éditions d’Organisation, 1949, p. 190.
- 71.
Jean Baudrillard, le Système des objets, Paris, Denoël-Gonthier, 1972.
- 72.
Ibid., p. 296.
- 73.
Jean-Pierre Daviet, « La grande entreprise : professions et culture », dans Louis Henri Parias (sous la dir. de), Histoire générale du travail, Paris, Nouvelle Librairie de France, t. IV, 1997, p. 292.
- 74.
Thierry Pillon et François Vatin, Traité de sociologie du travail, Toulouse, Octarès, 2003, p. 221.
- 75.
La première utilisation du mot « ergonomie » date de 1949 (avec la création de l’Ergonomic Research Society). L’insistance sur le « confort » et l’« efficacité » a sans doute légitimé la création d’un nouveau terme : « Ensemble des connaissances scientifiques relatives à l’homme et nécessaires pour concevoir des outils, des machines et des dispositifs qui puissent être utilisés avec le maximum de confort, de sécurité et d’efficacité » (Antoine Laville, l’Ergonomie, Paris, Puf, 1976, p. 12).
- 76.
Voir Maurice de Montmollin (sous la dir. de), Vocabulaire de l’ergonomie, Toulouse, Octarès, 1995.
- 77.
Pierre Bugard, Stress, fatigue, dépression. L’homme et les agressions de la vie quotidienne, Paris, Doin, 1974, p. 174.
- 78.
La Fatigue des travailleurs aujourd’hui, Paris, Cgt, coll. « Études et documents économiques », 1983, p. 55.
- 79.
Propos d’un cadre dans l’enquête menée par M. Sapir, E. Zissmann, M. J. Flouest et F. Lugassy, « La fatigue du cadre supérieur, de l’ouvrier spécialisé et de l’étudiant », dans Léon Chertok et Michel Sapir (sous la dir. de), la Fatigue, Toulouse, Privat, 1967, p. 253.
- 80.
Voir « Sept moyens de ne plus se sentir fatigué », Menshealth.fr
- 81.
La fatigue des travailleurs aujourd’hui, op. cit., p. 61.
- 82.
Voir Violaine Gelly, « La fatigue ça commence dans la tête » (http://www.psychologies.com/Bien-etre/Sommeil/Fatigue/Articles-et-Dossiers/La-fatigue-ca-commence-dans-la-tete).
- 83.
David Le Breton, cité par V. Gelly, « La fatigue ça commence dans la tête », art. cité.
- 84.
Geneviève Doucet et Marie-Françoise Pédioleau, l’Anti-fatigue, Paris, Philippe Lebaud, 1991, p. 107 et suiv.
- 85.
Stella Weller, 20 techniques de respiration pour évacuer stress, fatigue et anxiété, Paris, Éditions Véga, 2003 (1re éd. 1999).
- 86.
Sylvie Riffeau, les Bienfaits immédiats de 50 gestes anti-fatigue. Gardez la forme et retrouvez votre vitalité pour longtemps, Paris, Natur’santé, 2013.
- 87.
André Garceau, l’Écoute bien-être. Anti-fatigue, Gentilly, Origins France, 2003.
- 88.
Voir Dominique Steiler, « Mindfulness », dans Philippe Zawieja et Franck Guarnieri (sous la dir. de), Dictionnaire des risques psychosociaux, Paris, Le Seuil, 2014, p. 492.
- 89.
Ibid., p. 493.
- 90.
Daniel Pennac, Journal d’un corps, Paris, Gallimard, 2012, p. 84-85.
- 91.
Ibid., p. 164.
- 92.
Ibid., p. 254.
- 93.
Jean-Dominique Bauby, le Scaphandre et le Papillon, Paris, Robert Laffont, 2002, p. 9.
- 94.
Ibid., p. 18.
- 95.
Ibid., p. 46.
- 96.
Maurice Merleau-Ponty, Signes [1960], Paris, Gallimard, coll. « Folio essais », 2003, p. 268.
- 97.
Id., la Prose du monde [1969], Paris, Gallimard, coll. « Tel », 1997, p. 7.
- 98.
Id., Signes, op. cit., p. 87.
- 99.
Marc Richir, le Corps. Essai sur l’intériorité, Paris, Hatier, 1993, p. 10.
- 100.
M. Merleau-Ponty, « Sur la phénoménologie du langage », Colloque international de phénoménologie, Bruxelles, Éloge de la philosophie, Paris, Gallimard, coll. « Folio essais », 1994, p. 83.
- 101.
Michel Henry, Philosophie et phénoménologie du corps, Paris, Puf, 1965, p. 11.
- 102.
Henri Wallon, « Syndromes d’insuffisance psycho-motrice et types psycho-moteurs », Annales médico-psychologiques, n° 4, 1932.
- 103.
Ibid.
- 104.
Ibid.